Les Télécommunications de la Grande Guerre

Le RÔLE de la RÉGION dans les TÉLÉCOMMUNICATIONS

GUSTAVE FERRIÉ et la TSF
Né à Saint-Michel-de-Maurienne, Gustave Ferrié (1868-1932), polytechnicien, officier du Génie, s’oriente vers la télégraphie et se consacre au développement de la télégraphie sans fil (TSF) et participe en 1899 aux premières expériences radio de Marconi. Il est chargé par le ministère de la guerre de développer les applications militaires de la TSF. En 1903 il perfectionne la TSF en inventant un nouveau récepteur « électrolytique » et peut installer une antenne au sommet de la tour Eiffel grâce au soutien de Gustave Eiffel qui cherche à donner une seconde vie à sa tour. L’état-major ne voyait pas encore l’intérêt de ce nouveau type de communication. L’émetteur radio de 60 kw passe d’une portée de 400 km à 6000 km en 1908 et en 1914 il permet d’entrer en contact avec la Russie.

Ferrié manipulant un appareil

L’ÉMETTEUR DE LA DOUA
En 1914 au début de la guerre, l’émetteur de la tour Eiffel reste le seul moyen de communication, mais Paris est menacé et le colonel Ferrié propose l’installation d’un émetteur à Lyon. Un émetteur à « étincelles » SFR de 50 KW est alors à Marseille en partance pour Saïgon ; son convoyeur le capitaine Péri reçoit l’ordre de le ramener sur Lyon ; il l’installe sur le terrain militaire de la Doua à Villeurbanne avec l’aide de l’ingénieur Joseph Béthenod. Ils font monter 8 pylônes de 120 m et tendre 13 câbles de 750 m et installent des baraquements provisoires. Le 29 septembre 1914 l’installation fonctionne et on peut entrer en contact avec la Russie et la Serbie nos alliés. Des bâtiments en dur sont construits en 1916. Ferrié et son équipe continuent leurs recherches, permettant en 1917 de remplacer l’émetteur à étincelles par un émetteur à arc de puissance double de celui de la tour Eiffel qui permet d’émettre en « ondes entretenues » (au lieu des ondes amorties).


Le Cdt Chaulard successeur du capitaine Péri améliore l’installation de la Doua : 2 pylônes de 200 m et 6 de 180 m avec une meilleure prise de terre permettent une liaison toute l’année avec l’Amérique. L’installation est encore améliorée en 1919 avec un alternateur haute fréquence permettant de communiquer avec toutes les colonies. En 1921 l’installation est reprise par les PTT.

L’installation de la Doua en 1918

Ferrié, nommé Général en 1918 à 51 ans, a été un acteur majeur du développement des télécommunications et par là a contribué à la victoire finale.

Le général Ferrié


Les LAMPES RADIO TM


Vers 1907 un américain avait inventé une lampe à 3 électrodes permettant un effet amplificateur. Le colonel Ferrié comprend l’intérêt de ce matériel ; en octobre 1914 il réunit une équipe à la Doua pour travailler sur le sujet, qui bénéficie de la proximité de la manufacture de lampes Grammont (usine du Belvédère à Caluire, quartier du Clos-Bissardon).

Une lampe TM

Après différents essais non satisfaisants, Grammont met au point une ampoule de verre sphérique à électrodes horizontales avec une embase à 4 broches la lampe TM (pour Télégraphie Militaire), fabriquée à partie de novembre 1915 par Grammont et la Compagnie des Lampes de Paris, qui livrent 100000 lampes en 1916 et 1000 lampes par jour fin 1918, facturés 5 F pièce (soit environ 15 €). Leur durée de vie était courte (quelques centaines d’heures). De multiples appareils bénéficient de ces lampes TM : amplificateurs, récepteurs, puis émetteurs. Elles sont adoptées par les Anglais et les Américains.

Article de 2010
Dernière modification 11/2023 — Documents : Michel Siméon

Le Général Touchon Gouverneur en 1939

Le GÉNÉRAL Robert TOUCHON, GOUVERNEUR MILITAIRE de LYON en 1939

La FORMATION D’UN ALPIN
Né en 1878 à Paris, Robert Touchon devient élève de l’École Militaire de Saint-Cyr en 1899. Il opte pour l’infanterie et rejoint le 14° BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins) à Embrun : il s’y forme à la pratique de la montagne et devient un alpiniste expérimenté et un excellent skieur. En 1908 le 14°BCA est déplacé à Grenoble, où en 1911 Touchon sauve 2 alpinistes perdus en montagne.
En 1912-1914 il participe aux opérations de pacification au Maroc, où il mérite une première citation. Promu capitaine il rentre en France en mars 1914 pour être affecté au 30°BCA à Grenoble.

La GRANDE GUERRE
Elle commence pour lui sur le front des Vosges à la tête d’une compagnie : dès les premiers combats il obtient la Légion d’Honneur. En décembre à la Tête des Faux malgré une blessure, il résiste héroïquement à la tête de sa compagnie à un ennemi supérieur en nombre, ce qui lui vaut 2 citations. Il est muté ensuite au 54° BCA pendant 14 mois où il combat sur les crêtes des Vosges (Bonhomme, Linge) avec 2 blessures et 2 autres citations.
Promu chef de bataillon il prend le commandement en avril 1916 du 115° BCA dont son énergie va faire une troupe d’élite. Après de nouveaux combats dans les Vosges (Hartmannswillerkopf), le 115° est transféré sur le front de l’Aisne et en Champagne. Touchon y est blessé pour la 3ème fois en juillet 1917. Il est ensuite envoyé sur le front italien (12/1917-04/1918) puis sur le front de l’Ourcq et enfin vers St-Quentin : en cette dernière année de guerre avec le 115° chasseurs il mérite 4 nouvelles citations et reçoit une 4ème blessure.

Général de Brigade en 1934

ENSEIGNANT et CHEF de CORPS
Pendant 8 ans il est ensuite professeur d’infanterie à l’École Supérieure de Guerre (ESG), où il fait profiter de son expérience.

Lieutenant-colonel en 1923, il est colonel en 1928 année où il prend le commandement du 159° RI à Briançon (1928-30). Son expérience de la montagne en fait un chef de corps efficace, très apprécié par le général Dosse commandant la 27° Division alpine.

Il retrouve le professorat d’infanterie à l’ESG pendant 2 ans (1930-32), avant de commander pendant quelques mois l’École de l’Infanterie et des chars de combat à St-Maixent. Promu général en janvier 1934 il rejoint l’État-Major de l’Armée (1933-35).

Le GOUVERNEUR MILITAIRE DE LYON
Général de Division en 1936 il commande la 42° Division d’infanterie (DI) à Metz (1936-38) pour être ensuite nommé Gouverneur Militaire de Lyon et commandant de la 14° région militaire en juin 1938 avec le grade de général de corps d’armée. Il ne manque pas les occasions de retourner en montagne et à Briançon.

A Lyon en 1939
1939 en tenue d’éclaireur-skieur

La CAMPAGNE de FRANCE
À la mobilisation de septembre 1939 son corps d’armée fait partie de la 6ème Armée, qui reste sur le front des Alpes jusqu’en décembre. Il est alors nommé commandant de cette 6° Armée, mais ce n’est qu’un état-major sans grandes unités subordonnées qui quitte la région. En février il est promu général d’armée et est remplacé à Lyon par le général Hartung.


En mai 1940 il est chargé de combler l’espace entre les 2° et 9° armées après la percée de Sedan de l’armée allemande. Les divisions qu’on lui affecte en renfort tardent à arriver, il organise le 16 mai une ligne de défense sur l’Aisne et le canal de l’Ailette. Du 21 mai au 4 juin la 6° Armée contient la pression ennemie. Le 5 juin les allemands reprennent l’offensive et réalisent une percée entre les 6° et 4° armées. La retraite générale est inévitable. Touchon coordonne le repli de ses unités évitant la capture à des milliers d’hommes. Il est dans la Creuse le 19 juin jour de l’Armistice.

le général Touchon en 1940

La FIN D’UNE CARRIÈRE
Le 1er juillet 1940, il reprend son commandement à Lyon pour peu de temps puisqu’il quitte le service actif le 20 août et est remplacé par le général Frère.

Il se retire au nord de Grenoble ; arrêté par les allemands en juillet 1944 et incarcéré à la prison Montluc, il est rapidement libéré.
Le général Touchon, un alpin de légende, décède en 1960 à 81 ans à l’hôpital militaire de Grenoble.

Article de 2019 -remis en ligne 11/2023

Sources : Fr. de Lannoy, M.Schiavon – les généraux français de 1940 – ETAI 2013 / B. Demotz & col. – les Gouverneurs Militaires de Lyon – ELAH 2010

Bataille de Montélimar

La BATAILLE de MONTÉLIMAR 21-27 août 1944

LES SUITES du DÉBARQUEMENT EN PROVENCE
Il y a 70 ans le 15 août 1944 opération « Dragoon » : le débarquement allié en Provence réussit pleinement.

Général Patch

Les forces alliées du général Patch comprennent :
Le 6° corps d’armée américain (6° USAC) du général Truscott, qui comprend 3 divisions d’infanterie les 3°, 36°, 45° USID et la TFB (Task Force B).
Le 6°USAC monte rapidement vers le nord par la route des Alpes. Dès le 20/08 la TFB est à Sisteron.

Le groupement B (future 1ère Armée Française) du général de Lattre de Tassigny, dont une partie libère Toulon puis Marseille (28/08) et monte ensuite par la rive droite du Rhône ; l’autre partie prend la route des Alpes derrière les américains. Elle n’est pas concernée par cette bataille.

Menacées d’être isolées dans le sud de la France, les troupes allemandes qui y sont stationnées vont se replier à partir du 17/08 principalement par la vallée du Rhône et la route nationale 7. Il s’agit de la XIX° armée (général Wiese) comprenant 2 divisions d’infanterie (ID 198 et 338) et une division blindée la 11° Panzerdivision (PzD11 – général von Wietersheim).

Les CIRCONSTANCES DE LA BATAILLE
La Résistance facilite l’avance rapide des américains dans les Alpes, alors qu’elle gène les allemands dans leur remontée de la vallée du Rhône : dans la nuit du 16 au 17 le commando du capitaine Faure fait sauter le pont sur la Drôme entre Loriol et Livron au nord. La manœuvre s’impose alors au commandement US de rabattre en tenaille des unités de la route des Alpes sur la vallée du Rhône pour attaquer les allemands de flanc : c’est la bataille de Montélimar.

Un des engagements avant la bataille…

La bataille s’est déroulée dans le « chaudron », quadrilatère à l’est du Rhône et limité au nord par la Drôme et au sud par le Roubion séparés par 20 km. Le repli allemand est extrêmement handicapé par la destruction du pont sur la Drôme qu’ils doivent passer à gué ou sur des ponts de bateaux établis par le génie. Cela crée des embouteillages, qui sont des cibles de choix pour les attaques aériennes des alliés, obligeant les allemands à circuler le plus possible de nuit.

Le VERROUILLAGE 22-24 août
Au soir du 21/08 Truscott fixe Montélimar comme objectif. Le 23 une unité américaine de la 36°USID débouche dans la cuvette du Roubion et tente de s’emparer de Montélimar. Elle se heurte à la PzD11 : les américains et les FFI trop faibles doivent se replier sur les hauteurs de Marsanne. Les unités de la 36°USID convergent en renfort et l’artillerie divisionnaire prend position sur les hauteurs de Marsanne.
Des éléments de la Pzd11 montent en direction de Loriol, traversent la Drôme, s’emparent de Grane, mais sont contenus par l’artillerie US et se mettent en position défensive à l’est de Loriol et Livron.

Le PASSAGE en FORCE 25-26 août 
Le 25/08 une unité de la 36°USID arrive à barrer le passage sur la RN7 à la Coucourde. Dans la nuit du 25 au 26 la Pzd11 va forcer le passage après un furieux combat de chars ; elle commencera à traverser la Drôme au matin. Dans l’après-midi du 26 août la Pzd11 attaque en direction d’Allex : ils sont contenus par l’artillerie de la 45°USID.
Entre temps et dès le 24 l’ID198 s’est engagée en flanc-garde dans la vallée du Roubion se heurtant aux ligne américaines (bataille de Sauzet) : les agglomérations de cette vallée subissent d’importants dégâts. Le 26/08 la PzD11 a atteint ses objectifs et permet à l’ID198 d’amorcer son repli.

Le DÉNOUEMENT 27-29 août
Pendant que la PzD11 progresse vers Valence, les 2 divisions d’infanterie allemandes l’ID198 et l’ID338 en arrière-garde doivent remonter de Montélimar à Livron sous le pilonnage des chasseurs-bombardiers et surtout de l’artillerie, sur un itinéraire encombré. L’infanterie allemande subit de fortes pertes en matériel et véhicules qu’elle doit abandonner ou détruire.

général Dahlquist 36° USID

Le 29/08 des éléments de la 36°USID, appuyés par les résistants entrent à Montélimar. Les défenseurs de la crête de Marsanne peuvent quitter leur position. Au soir de ce jour la 36°USID commence le franchissement de la Drôme, laissant à la 3°USID et aux FFI le nettoyage définitif du « chaudron ».

Le rôle de l’artillerie a été essentiel : les américains ont tiré plus de 50000 obus. Les allemands ont subi de lourdes pertes matérielles, mais l’essentiel de leur corps d’armée a pu s’exfiltrer de cette nasse, par sa combativité et son habileté de manœuvre face au rouleau compresseur américain.

Les américains déplorent environ 500 tués et 1000 blessés, FFI et FTP ont eu 200 tués. Quant aux allemands ils ont perdu un millier de tués, 2000 blessés, 3000 prisonniers. 550 civils ont été tués par les bombardements.

Après Montélimar, Valence est libérée par les FFI le 31 août ; St-Rambert d’Albon et Vienne le 2 septembre. La libération de Lyon interviendra le 3 septembre.

Article de 2014 / remis en ligne 11/2023
Sources : François Lescel – Objectif Lyon – DG Communication Lyon 2004 / Pierre Balliot – la Drôme dans la guerre : la bataille de Montélimar – De Borée 2012

Libération de la Loire

LIBÉRATION DE LA LOIRE Août 1944

Les GMO de MAREY 
Dans le département de la Loire, l’organisation de la Résistance à l’occupation allemande est essentiellement l’oeuvre d’un homme d’exception, le capitaine Jean Marey (1906-1959).

Jean Marey

Natif de Merle (42) à 2 km d’Estivareilles, officier d’active, il sert comme instructeur dans les années 30, il est encore instructeur en 40-41 à Aix-en-Provence où les écoles d’officiers sont repliées. En 1941-42 il sert au 5°RI replié dans le cadre de l’armée d’Armistice à St-Etienne.


À la dissolution de l’Armée d’Armistice en novembre 1942, il passe dans la clandestinité, devient le délégué de l’ORA de la Loire en mars 1943, puis après la fusion avec l’Armée Secrète (AS) devient le chef départemental en octobre 1943. Marey « Hervé » est de petite taille, mince, énergique et déterminé. Dès le printemps 1943 il a constitué une équipe de 5 officiers pour organiser l’AS dans tous les secteurs de la Loire sous la forme de Groupes Mobiles d’Opération (GMO).

À la différence des formations habituelles de maquisards trop nombreux et mal armés, les GMO sont encadrés par personnels aguerris, ne recrutant que des vrais soldats, bien armés, bien implantés localement et obéissant à des règles de conduite très strictes et sévères. En particulier Marey estime que tant que les résistants seront traités en francs-tireurs, il faut être implacable avec les allemands et miliciens capturés et les fusiller.

Le REPLI des ALLEMANDS
Le débarquement allié en Provence entraîne le repli des garnisons allemandes de la région. L’ordre de repli leur parvient le 17 août. La plus excentrée est la garnison du Puy, qui évacue la ville le 18 au soir. Un détachement laissé en arrière-garde doit se rendre le lendemain. La garnison de St-Etienne évacue la ville le 19 et n’attend pas la garnison du Puy. Celle-ci ne prend pas la route directe le Puy -St-Etienne, jugée trop peu sûre, mais un itinéraire plus difficile passant par Craponne, Usson, Estivareilles, St-Bonnet le Château.
Les 18 et 19 août la colonne est freinée dans sa progression, car elle est harcelée dès le départ par les FTP du camp Wodli de la Haute-Loire (commandant Théo Vial-Massat), qui a 10 tués dans l’accrochage de Bellevue-la-Montagne. Au soir du 19 la colonne n’a pas dépassé Craponne.

La BATAILLE D’ESTIVAREILLES
Ce même soir Marey qui se trouve à Estivareilles bat le rappel de tous ses GMO. Le 20 il place le GMO Bir Hakeim (le seul dont il dispose) en avant d’Usson pour retarder les allemands, qui ne peuvent dépasser ce village.
Le 21 la colonne reprend sa marche, mais est bloquée à l’entrée d’Estivareilles, car Marey a dans la nuit fait sauter un pont. La zone est alors complètement encerclée par tous les GMO arrivés en renfort. Toute la journée les combats sont nombreux, courts et parfois meurtriers. Au soir du 21 les allemands ne peuvent plus s’échapper, mais sont encore puissants et capables d’infliger de lourdes pertes s’ils se défendent jusqu’au bout.
Au début de la nuit, Marey fait saper le moral des allemands par des tirs venant de toutes les directions, des mouvements de camions bruyants et des appels par haut-parleur à la reddition. Le colonel allemand Metger se résout à négocier : il est conduit au hameau de Pommiers devant Marey qui bluffe en exagérant les moyens dont il dispose et qui somme le colonel de se rendre à 23h. Après concertation avec ses officiers, le colonel allemand accepte de se rendre. La colonne allemande qui a eu une cinquantaine de tués et une centaine de blessés compte un millier d’hommes, femmes et enfants, qui sont acheminés sur St-Bonnet-le-Château, où le 23 les troupes de Marey organisent une prise d’armes improvisée.
La bataille d’Estivareilles a été magistralement conçue et exécutée grâce à la puissance de feu et la mobilité des GMO organisés par Marey.

Officiers allemands prisonniers après Estivareilles

LIBÉRATION de SAINT-ÉTIENNE
Le départ des allemands de la ville le 19 août entraîne un vide du pouvoir pendant près de 3 jours. Le 20 dans l’après-midi un groupe FTP d’Ardèche arrive en ville et désarme les GMR ; sous leur protection un premier numéro d’un journal de libération sort le 21. Ce jour-là le Comité de Libération du Département (CDL) nomme un préfet provisoire. Le 22 Marey envoie le groupement Strasbourg (3 GMO) à St-Etienne en pleine fièvre de libération. Le 25 enfin c’est l’entrée triomphale des hommes de Marey, qui défilent dans la ville en liesse avec les prisonniers d’Estivareilles.

Défilé du 25/08/1944 – prisonniers allemands sur le camion

PARTICIPATION aux COMBATS DU RHÔNE (Ouest-Lyonnais)
Marey est ensuite contacté par Henri Provisor (« Darciel ») commandant la résistance Rhône-Loire-Ardèche pour participer à la libération de l’ouest lyonnais. Marey se rend le 29 au PC d’Yzeron ; il y reçoit la mission de harceler les convois allemands au sud du Rhône. Marey concentre ses GMO sur Thurins avec le renfort de parachutistes SAS. Les accrochages ont lieu les 29 et 30 à Montagny et les Sept-Chemins, le 30 au Pont-rompu près de Mornant et Taluyers – le Bâtard le 31/08 et 1er septembre, combats dans lesquels s’illustrent les GMO Cassino, Bir Hakeim, 18 juin et Liberté.

L’ARRIVÉE de l’ARMÉE DE LATTRE
Le 1er septembre le 1er escadron du 2°RSAR (Spahis Algériens de Reconnaissance) traverse difficilement St-Etienne en raison de la foule pour aller stationner à Terrenoire. Le lendemain à la préfecture une importante réunion d’état-major rassemble les généraux de Monsabert (2°CA) et ses adjoints Brosset (1°DFL) et du Vigier (1°DB), leurs subordonnés et les chefs de la Résistance.

Passage d’éléments de la 1ère Armée Française à St-Etienne

le 3 septembre les fusiliers marins de la 1ère DFL atteindront Lyon à son tour libérée.
Jean Marey, héros de la Résistance de la Loire, continuera sa carrière militaire: devenu colonel il sera tué dans une embuscade en Algérie en 1959.

Article de 2016 / remis en ligne 10/2023

Source : François Lescel – Objectif Lyon – DG communication 2004 / Pascal Chambon – La Loire dans la seconde guerre mondiale – Sutton 2010

Vallette d’Osia et la Haute-Savoie

Le GENERAL Jean VALLETTE D’OSIA (1898-2000)

Issu d’une famille du Haut-Limousin, Jean Vallette d’Osia entre à l’école de Saint-Cyr à 17 ans (1916) et est rapidement envoyé au combat sur l’Aisne avec le 19° RI. Pour fait d’armes sur le Chemin des Dames, il reçoit la Légion d’Honneur à 19 ans. Il participe à la grande offensive en Champagne (1918), où il est sérieusement blessé.

Sous-lieutenant en 1920, il fait un séjour au Maroc dans la Légion Etrangère puis en 1925 est affecté au 6° BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins) à Grenoble : lieutenant puis capitaine, il effectue de nombreuses manoeuvres qui lui font connaître les terrains des Alpes de Chamonix au col de Larche. Il est admis à l’Ecole de Guerre en 1934. De 1936 à la déclaration de guerre de 1939 Vallette d’Osia sert à l’état-major de la 14° RM à Lyon (gouverneurs militaires de Lyon Garchery et Touchon).

Début 1940 promu commandant, il est affecté à l’état-major de la 2° DLC (Division Légère de Chasseurs). Celle-ci embarque pour la Norvège, mais parvenue en Ecosse est rapatriée d’urgence pour participer à la bataille de France. La 2° DLC est reconvertie dans l’urgence en 40° DI (Division d’infanterie). En dépit de toutes ses insuffisances (canons antichars, transmissions, carburant…), elle prend position sur la Somme : après avoir tenu tête aux allemands, elle est contournée par le sud et se replie sur St-Valéry-en-Caux. Le 12 juin Vallette d’Osia est fait prisonnier, mais il parvient à s’échapper et à rejoindre Clermont-Ferrand, où il rencontre le Général Weygand, qui le dissuade de rejoindre le Général de Gaulle à Londres.

Vallette d’Osia opte donc pour l’armée d’Armistice. A Lyon le général Touchon, redevenu gouverneur militaire pour quelques semaines (son successeur sera le Général Frère) le nomme commandant du 27° BCA à Annecy le 8 juillet. Aussitôt pour ne pas le livrer à l’ennemi, il met en oeuvre le camouflage du matériel, confié au lieutenant « Tom » Morel (200 tonnes de matériel et armement en caches secrètes). Il entraîne activement son unité à la guérilla en montagne. Au printemps 1942 il organise via la Suisse la récupération des évadés d’Allemagne, dont le Général Giraud.

Novembre 1940 place Bellecour, Vallette d’Osia en 2ème ligne

Fin novembre 1942, l’invasion de la zone libre suivie de la dissolution de l’armée d’Armistice amènent Vallette d’Osia à entrer dans la clandestinité (nom de guerre « Faure »). Il participe activement à la création de l’Armée Secrète, dont il devient le chef en Haute-Savoie (1943). Il faut organiser, nourrir, habiller, armer et exercer les nombreux jeunes réfractaires au STO qui s’y réfugient, sans se faire repérer par l’occupant italien puis allemand. Le 13 septembre 1943, il est arrêté, il ne parle pas malgré un interrogatoire musclé à Annecy. Il est emmené à Annemasse, puis à la prison Montluc à Lyon. Emmené en train vers une destination inconnue, il échappe à ses gardiens en sautant menotté par la fenêtre du wagon au sud de Dijon. Aidé et caché par les habitants, il peut rejoindre Lyon, puis la Haute-Savoie et la Suisse. Malgré le danger il participe à une réunion avec Descour chef militaire régional. Il va être suppléé par Romans-Petit chef des maquis de l’Ain.

Vallette d’Osia rejoint Angers, puis par avion Londres. En avril 1944 il est à Alger, où il rend compte aux différentes autorités ; il est promu lieutenant-colonel et est chargé de coordonner les forces clandestines en France avec les troupes régulières, dont le débarquement était en préparation. Il retrouve la France la 27 août. Il rencontre Descour qui l’envoie auprès du général de Monsabert pour coordonner les troupes alliées avec les FFI pour la libération de Lyon le 3 septembre 1944.

l‘insigne de la 27° DIA

Le 7 septembre à Lyon, Vallette d’Osia est chargé par le général de Lattre de créer une Division Alpine (DAFFI) pour intégrer dans une structure régulière 32 bataillons FFI représentant 28000 hommes dans une situation de pénurie où tout manque. Il s’installe à Challes-les-Eaux puis à Grenoble. En décembre la DAFFI devient la 27° DIA (Division d’Infanterie Alpine) et les unités reprennent numéros et traditions d’anciens corps : 7, 13, 27° BCA, 6, 11, 15° BCA, 99° et 159° RIA, 93° RAM. Il reprend l’insigne avec la gentiane sur fond de sommets. Pour Vallette d’Osia devenu colonel, c’est une tâche exaltante, mais aussi une grosse déception, quand à la mi-janvier 1945 le général Molle, lui aussi ancien chef de corps du 27°, vient en prendre le commandement au dessus de lui… Il en devient l’adjoint.

En mars le Général Doyen est nommé au commandement opérationnel de l’Armée des Alpes et ce sera la campagne des Alpes de mars-avril 1945. Vallette d’Osia suit les unités dans leur avance en Italie. Les hostilités terminées la 27° DIA part en occupation en Autriche.

St-Pierre d’Albigny le 10 avril 1945, Vallette d’Osia à gauche

De 1945 à 1952 Vallette d’Osia commande la subdivision de Grenoble, puis comme général il reçoit à nouveau le commandement de la 27° DIA, dont il défend le maintien. De 1955 à 1958 il est directeur du secteur de défense des Alpes. En 1958 Général de Corps d’Armée, il démissionne du service pour protester contre l’abandon de la défense des Alpes comme moyen de formation des troupes d’élite.

Après 42 ans de vie militaire, le général Vallette d’Osia va vivre 42 ans de retraite à Annecy-le-Vieux ; il y écrit ses mémoires. Ce grand soldat dont la devise était : « honneur passe honneurs » est décédé centenaire en 2000. Son nom a été donné au PC de l’actuelle 27° Brigade d’Infanterie de Montagne à Varces.

Article de 2012 / remis en ligne 10/2023

Source : Jean Vallette d’Osia – 42 ans de vie militaire – 2° volume 1939-1945 – ELAH 1988

Le Camp Anglais de St-Germain-au-Mont-d’Or

Le CAMP BRITANNIQUE N° 2 de ST-GERMAIN-AU-MONT-D’OR 1917-1919

POURQUOI UN CAMP BRITANNIQUE PRES DE LYON ?
Pendant la Grande Guerre les britanniques combattent sur le front nord aux côtés des français. Pour renforcer leur corps expéditionnaire, ils vont faire venir en France de plus en plus d’unités en provenance de l’Empire Britannique : australiens, néo-zélandais, indiens et népalais (Gurkhas) et troupes coloniales diverses.
Au début de la guerre les navires transports de troupes traversaient la Méditerranée d’est en ouest, remontaient dans l’Atlantique jusqu’au Havre et Cherbourg.
Avec le développement de la guerre sous-marine en 1916, ces navires deviennent très vulnérables et en fin d’année le Haut commandement britannique décide de débarquer les troupes à Tarente en Italie du sud et de les acheminer par voie ferrée via Milan, Lyon, Paris jusqu’au Havre. Les trains de transport de troupes sont lents et inconfortables, il s’impose vite de prévoir des lieux d’étape pour que les hommes puissent se reposer.

St-Germain-au-Mont-d’Or devenu « British Camp »

LE CAMP DE REPOS BRITANNIQUE

capitaine E. Garton King

Sur cet itinéraire une gare de triage importante se situe à St-Germain-au-Mont-d’Or : c’est là que va être installé le camp de repos n°2 mis en service au printemps 1917, sur un pré prêté par M. de Bellescize entre la gare et le village. Le personnel d’intendance du camp comprenait 14 officiers, 21 sous-officiers et une centaine d’hommes, commandés par le capitaine Eric Garton King.

Les installations consistaient en 150 tentes circulaires pouvant héberger 10 hommes et des baraquements pour les quartiers des officiers, les cantines, les sanitaires et les cuisines, où travaillait une cuisinière française.

L’alignement des tentes

Les trains débarquaient de 700 à 1500 hommes. Entre 1917 et avril 1919 le camp a vu passer de 700 à 800000 hommes en transit dans les deux sens. Le camp ferme en avril 1919 ; son emplacement est appelé depuis le « Pré des Anglais ».

Une troupe en attente de départ



Les malades sont soignés au couvent du manoir fleuri rue du Manoir à St-Germain. La mortalité sera importante au moment de la grippe espagnole fin 1918 et début 1919.

Les personnels de santé

DEVOIR DE MEMOIRE
Les 5 premiers morts anglais sont enterrés dans le cimetière communal ; la commune de St-Germain a ensuite cédé un terrain contigu pour y installer un cimetière militaire britannique, où reposent 105 hommes, anglais, écossais, irlandais, australiens, travailleurs indiens, auxquels sont venus s’ajouter plus tard un médecin et 11 aviateurs de la RAF britanniques et canadien morts en opération pendant la deuxième guerre mondiale.

Le cimetière britannique de Saint-Germain-au-Mont-d’or

Article de 2016 / remis en ligne 09/2023
Sources : Gazette du Musée n°37 1996 / documents : Musée Militaire

Echanges par la Suisse

Les ÉCHANGES HUMANITAIRES ENTRE la RÉGION et la SUISSE en 1914-1918

Dès le début de la Grande Guerre, la Suisse, pays neutre, prend conscience du rôle que sa position entre la France et l’Allemagne va lui faire jouer. Le conseil fédéral et le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) s’organisent pour assurer les échanges humanitaires entre les deux belligérants.
La ville de Lyon, proche de la Suisse devient un acteur majeur des relations humanitaires avec la Suisse.

Les ITINÉRAIRES FERROVIAIRES en SUISSE
Ils relient la frontière allemande au nord à la frontière française à travers la Suisse. Retour ligne manuel
De septembre 1914 à janvier 1917 l’itinéraire va de Singen (Schaffhouse) à Genève, puis Annemasse. En janvier 1917 les trains contournent le lac Léman pour aller jusqu’à Évian et enfin en novembre 1917 leur point de départ est transféré à Bâle.

Itinéraires ferroviaires en Suisse

CIVILS DÉTENUS PAR L’ALLEMAGNE et ÉVACUÉS
Dès septembre 1914 les 2 pays décident de rapatrier les civils qu’ils retiennent. Ne sont concernés que les femmes et les hommes de moins de 17 et de plus de 60 ans. 22000 civils français sont ainsi évacués. Les civils arrivés à Genève prennent le tramway pour rejoindre Annemasse.

Evacués français à Genève avant leur départ pour Annemasse

Par la suite les allemands vont procéder à des expulsions massives de civils belges et français des zones qu’ils occupent. Ce sont près de 500000 « bouches inutiles », femmes, enfants, vieillards dont 320000 habitants du nord de la France qui vont transiter par la Suisse.

Evacués français à Genève

Une bonne part de ce flot de réfugiés arrive à Lyon. Trois organismes sont mis en place pour accueillir et gérer ces rapatriés.
- Le « Bureau de renseignement des réfugiés belges et français » centralise les informations venues de Suisse et d’Annemasse ou Évian. Installé à l’hôtel de Ville, il traite aussi les demandes de rapatriement d’enfants.
- Le « Service de secours et d’assistance » de l’hôtel de ville de Lyon mis en place début 1915 avec le soutien de madame Herriot : assistance en allocations, en placement et en habillement. 25000 réfugiés y seront accueillis.

Madame Herrriot et son équipe dans le grand salon de l’Hôtel de Ville

- Le « Comité de secours aux rapatriés » créé en 1917 par madame Gillet-Motte avec le concours de la Croix-Rouge. Situé au 2 bvd de Belges cet organisme assure la garde des enfants rapatriés et isolés.

PERSONNELS SANITAIRES
La Convention de Genève impose les échanges de personnels sanitaires prisonniers entre belligérants. Sous la pression de la diplomatie suisse et du CICR les échanges débutent effectivement en juillet 1915. 3224 personnels sanitaires français sont rapatriés contre 900 allemands. Dans la dernière année de la guerre les échanges auront lieu régulièrement tous les 2 mois.
Les personnels français arrivés en gare des Brotteaux gagnent à pied le lycée du Parc (HC45). Les allemands regroupés au fort de Sainte-Foy vont à pied à la gare sous surveillance militaire.

Convoi de médecins entrant dans le lycée du Parc

GRANDS BLESSÉS de GUERRE
Suite aux interventions de la Suisse et du Vatican, un accord humanitaire est signé entre la France et l’Allemagne en février 1915 pour l’échange de prisonniers grands blessés ou malades. Le Croix-Rouge suisse est chargée de l’organisation des transferts.
Les convois sanitaires pour la Suisse partent de Lyon. Les blessés allemands sont regroupés à Gerland dans l’enceinte de l’exposition internationale, examinés par des médecins français sous contrôle de médecins suisses avant d’embarquer discrètement en gare des Brotteaux.
Le premier convoi de blessés français venant de Suisse arrive le 2 mars 1915 ; il est accueilli avec les honneurs par les autorités militaires et civiles. Par la suite 160 autres trains sanitaires rapatrieront des blessés français.


INTERNEMENT en SUISSE
La crainte de rendre à l’ennemi des hommes qui pourraient redevenir soldats freine le rapatriement des blessés. Une solution humanitaire intermédiaire consiste à créer en Suisse des lieux d’internement pour les blessés moins gravement atteints et pour les malades. Soutenu par le Vatican ce projet aboutit en janvier 2016. L’internement est organisé par le service sanitaire de l’armée suisse. Le coût de l’hébergement est assuré par les pays d’origine des intéressés.


Les internés doivent travailler selon leurs aptitudes et sont rémunérés.
127 sites sont affectés aux internés français, britanniques et belges en Suisse romande. En janvier 2017, 16000 français sont retenus en Suisse. Les accords de Berne d’avril 1918 accélèrent le processus de libération de certaines catégories de militaires. Au total 37515 français militaires et civils ont été internés en Suisse.

Confection de boites à fromage par des internés français

En sens inverse 10000 allemands prisonniers ont transité par Lyon. L’embarquement se fait de nuit en gare des Brotteaux. Accueillis à Genève par la Croix-Rouge, les futurs internés sont dirigés vers Zurich et répartis dans des sites d’internement en Suisse alémanique.

article de 2016 / remis en ligne 09/2023

Source : photos Roland Racine – Lyon 14-18 – Sutton 2015 / carte François Lescel

1918 le Pont Wilson à Lyon

14 JUILLET 1918 – À LYON PRISE D’ARMES INTERALLIÉE POUR L’INAUGURATION DU PONT WILSON

AVANT LE PONT WILSON
À son emplacement sur le Rhône existait depuis 1839 un pont suspendu appelé pont ou passerelle de l’Hôtel-Dieu. Au début du XX° siècle, il est vétuste et inadapté : son remplacement est décidé. Un pont provisoire construit en amont est ouvert le 1er avril 1912 et la passerelle est démolie.

La passerelle de l’Hôtel-dieu avant 1912

La première pierre du « nouveau pont de l’Hôtel-Dieu » est posée le 16 octobre 1912. La construction d’un majestueux pont en pierre de 20 m de large débute, mais la Guerre ralentit les travaux. Et dans le contexte de cette guerre devenue mondiale avec le renfort des américains, le 24 juin 1918, le conseil municipal de Lyon décide de donner au nouveau pont de l’Hôtel-Dieu le nom du président américain Wilson. L’inauguration solennelle est prévue pour le 14 juillet suivant.

La remise de décorations place Bellecour

14 JUILLET 1918, PRISE D’ARMES INTERALLIÉE
Place Bellecour le maire de Lyon M. Edouard Herriot accueille l’ambassadeur des Etats-Unis, M.Sharp, conduit par le préfet du Rhône M.Rault. Le général Ebener, Gouverneur Militaire de Lyon, passe les troupes en revue, accompagné par la musique de garnison, la musique de la marine italienne et une fanfare américaine. Vient ensuite une remise de décorations à des soldats blessés et mutilés.

Chasseurs alpins italiens

LE DÉFILÉ
Les troupes vont défiler place Bellecour, passer rue de la République, tourner à droite rue Childebert et franchir le pont Wilson pavoisé, à l’entrée duquel une longue tente accueille les officiels. Une foule énorme assiste au défilé.

Place de la République les américains en tête
Les américains devant la tribune officielle

Précédé de sa fanfare le 362° d’infanterie américain ouvre la marche, suivi de 2 sections d’infanterie anglaise. Ce sont ensuite les Italiens carabiniers infanterie et chasseurs, suivis par les troupes françaises : pompiers de Lyon, 54° d’artillerie, 9° zouaves, légion étrangère, 9° chasseurs d’Afrique, cuirassiers, escadrons de divers régiments de dragons, 13° chasseurs à cheval et enfin les vétérans de la guerre de 1870/71.

Les anglais sur le pont
Les carabiniers italiens
les troupes françaises
La cavalerie française
Les américains ont franchi le pont – en haut le pont provisoire

Les DISCOURS
Au défilé succèdent les discours. Le préfet conclut : « Ce pont magnifique ouvrage d’art, dont les assises élégantes et solides défieront les flots tumultueux de notre beau fleuve, perpétuera à travers les siècles la mémoire d’un grand homme d’état, … et la victoire de la civilisation sur la barbarie« . Le maire Herriot célèbre l’amitié traditionnelle entre la France et les Etats-Unis et ne manque pas de mentionner que le pont voisin s’appelle « Lafayette »… Ensuite en anglais l’ambassadeur américain remercie la ville de Lyon et reprend les mêmes thèmes.

Herriot à gauche, le gouverneur militaire au centre

LA GUERRE SUIVANTE…
Le 2 septembre 1944, avant la Libération de Lyon, les allemands procèdent à la destruction des ponts, dont le pont Wilson. Celui-ci est très solide : seule la moitié sud de la travée centrale a basculé ; pour tenter d’aggraver les dégâts les allemands tirent 3 fois au canon sur le pont. Le tablier resté en place côté nord est utilisé dès le lendemain par les lyonnais. Ce pont sera ensuite rapidement réparé ; il a fêté son centenaire en 2018.

Article de 2015 – remis en ligne 08/2023 – Sources : documentation et photos musée militaire / journal « le Progrès » du 15/07/1918

Mandelot gouverneur du Lyonnais

François de MANDELOT, Gouverneur du Lyonnais (1529-1588)

François de Mandelot seigneur de Passy, de bonne mais petite noblesse est né à Paris. Il est destiné à la profession des armes et est admis parmi les pages de Jacques de Savoie, duc de Nemours avec lequel il va faire carrière. Gentilhomme de la chambre du roi et lieutenant du duc de Nemours, il participe sous Henri II aux guerres contre Charles-Quint des années 1550 : il se distingue au siège de Metz (1552), à la prise de Thionville et dans la campagne d’Italie (1555).

Après 1560 commencent les guerres de religion. Mandelot rejoint Jacques de Nemours, lorsqu’il tente de libérer Lyon, occupé par les protestants. Il participe à l’offensive jusque sous les murs de Lyon et se distingue lors des combats victorieux contre les troupes du baron des Adrets (fin 1562). Mandelot retourne ensuite servir dans l’armée royale et se distingue à la bataille de Saint-Denis. Le roi Charles IX lui accorde sa confiance et le fait entrer en son conseil privé. Aussi est-il logique qu’en 1568, il soit nommé lieutenant-général auprès du duc de Nemours à Lyon. Il poursuit la lutte contre les protestants, mais ne peut appliquer l’édit de Saint-Germain devant l’opposition des lyonnais à la pratique du culte réformé. Quand le duc de Nemours renonce au gouvernement du Lyonnais en février 1571, il recommande au roi de le remplacer par Mandelot son lieutenant-général : celui-ci sera gouverneur jusqu’à sa mort en 1588. Son titre officiel est « Gouverneur & Lieutenant général pour le Roy en la ville de Lyon, pays de Lyonnois, Forez & Beaujolois »

François de Mandelot

Il est à remarquer qu’il est le seul gouverneur de l’époque qui n’appartient pas à la haute aristocratie et qu’il est aussi le seul à résider continuellement dans son gouvernement. Il réussit à protéger Lyon des combats, à maintenir sa fidélité au roi et la stabilité des institutions, malgré les guerres continuelles, la fiscalité écrasante, les poussées de peste et l’exaspération religieuse.

Pourtant cela commence mal. Suite à la Saint-Barthélémy, des catholiques fanatiques veulent imiter les parisiens. Mandelot temporise, tente de maintenir l’ordre, mais au soir du 28 août 1572 les premiers meurtres ont lieu. Le 29 Mandelot fait enfermer les Réformés en divers lieux, peut-être pour les protéger : le lendemain en son absence les extrémistes massacrent tous les internés, environ 800 personnes. Le gouverneur désapprouvait le massacre, mais n’avait pas les moyens de l’empêcher…

convocation à Brignais pour discuter des tailles

Après la mort de Charles IX, il accueille à Lyon la reine Catherine de Médicis venue à la rencontre à Bourgoin de son fils le nouveau roi Henri III de retour de Pologne. Celui-ci fait son entrée solennelle à Lyon le 6 septembre 1574.
Le gouverneur a toute la confiance du pouvoir : le volume de leur correspondance le prouve. Il reste membre du conseil privé et le roi le consulte. Il obtient la confiance des autorités locales, protège la ville en s’interposant quand les protestants s’approchent ; il intervient en Dauphiné, en Vivarais et en Forez. Mais la réaction catholique, la « Ligue » est soutenue par le nouvel archevêque Pierre d’Epinac successeur d’Antoine d’Albon.

Mandelot – musée de Gadagne

Mandelot gouverne seul sans lieutenant-général jusqu’en 1586, année où Guillaume de Gadagne lui est adjoint : l’entente entre eux est totale. C’est d’autant plus nécessaire depuis qu’Henri de Navarre un protestant est devenu l’héritier d’Henri III en 1584 et que la Ligue catholique en est renforcée et s’oppose au Roi. Mandelot maintient la ville dans l’obéissance au roi jusqu’à sa mort en novembre 1588. Son successeur est Charles-Emmanuel de Nemours qui prend le parti de la Ligue.

Mandelot a recommandé sa famille au consulat, car il n’est pas riche : il est le seul gouverneur qui ne se soit pas enrichi… C’était un homme de bien, qui a su ménager les intérêts de la ville, dans la fidélité au roi. Il a marié sa fille Marguerite à Charles de Neuville d’Alincourt qui deviendra gouverneur du Lyonnais en 1612 et dont les descendants seront les Neuville de Villeroy.

Une toute petite rue dans le Vieux-Lyon porte son nom.

Article de2011 remis en ligne 08/2023
source : Paul Saint-Olive – Lyon vieux souvenirs – Méton, Lyon 1877
 

Lyon en juin 1940

LYON et sa REGION en JUIN 1940

Depuis le déclenchement de la bataille de France le 10 mai 1940, les forces allemandes ont déferlé sur la France, malgré la résistance des armées françaises (plus de 100000 morts). Le 17 juin le maréchal Pétain, devenu président du conseil, se résigne à demander l’armistice.

Entre temps dans notre région un autre front s’est ouvert le 10 juin sur les Alpes par la déclaration de guerre de l’Italie mussolinienne. L’armée des Alpes commandée par le général Olry contient avec succès l’armée italienne sur la frontière , mais elle est menacée sur ses arrières par l’avance des allemands en direction de la région lyonnaise.

Affiche du 17 juin 1940

A Lyon le préfet Emile Bollaert estimant que toute résistance est inutile, entre en contact avec Edouard Herriot le maire, qui est du même avis et qui obtient de Pétain que Lyon soit déclarée « Ville Ouverte » le 18 juin (Paris l’a été le 12).

Mais pour le général Olry, la mission de l’Armée des Alpes demeure tant que les hostilités restent ouvertes avec l’Italie. La couverture de l’Armée des Alpes au nord demeure nécessaire et une ligne de défense a été constituée s’appuyant sur les monts du Lyonnais, les monts d’Or, le plateau de la Dombes, le Bugey. En particulier le 25° RTS tient une vingtaine de kilomètres de front de l’Arbresle à la Saône. Les hommes doivent tenir sans « esprit de recul », c’est un combat pour l’honneur contre les allemands arrivant par la nationale 6 (combats de Chasselay). D’autres combats ont lieu sur la nationale 7 ; les allemands sont retardés à Tarare, l’Arbresle puis Lentilly.

Les allemands sur les quais

Pendant ce temps, un autre bataillon allemand a débordé la ligne de résistance par l’est et s’est engagé dans la vallée de la Saône et le plateau de Sathonay malgré la résistance d’éléments de la Légion Etrangère du dépot de Sathonay.
Les premiers allemands arrivent ensuite sans difficulté à la Préfecture de Lyon le 19 à 16h 15. Six personnalités sont désignées comme otages pour répondre de la sécurité des troupes allemandes : le préfet lui-même, le cardinal Gerlier, Cohendy premier adjoint, Charbin président de la chambre de commerce, Vicaire secrétaire des anciens combattants et Vivier-Merle syndicaliste. Pendant les jours suivants la ville voit passer de nombreuses formations de la Wehrmacht.

Char allemands dans les rues de Lyon

Le 22 juin au soir l’armistice est signé avec l’Allemagne, mais pas avec l’Italie. Pour aider les Italiens, trois divisions de la Wehrmacht se dirigent vers les Alpes pour prendre à revers l’armée des Alpes. Les 23 et 24 juin, les allemands se heurtent à une ligne de défense hâtivement mise en place par l’armée des Alpes du Rhône à la frontière suisse, le long de l’Isère, de la Chartreuse et du Rhône supérieur. Les défenseurs français résistent avec acharnement et tiennent l’ennemi en échec (combats de Voreppe). L’armistice avec l’Italie est signé le 25 juin.

Les Allemands place des Terreaux

Du 19 juin au 7 juillet pendant 17 jours, la Wehrmacht occupe Lyon : les allemands prennent des mesures draconiennes pour assurer leur sécurité, tentent une « offensive de charme » avec par exemple des concerts de musique militaire et entreprennent un pillage de l’économie, qui préfigure ce que sera l’occupation de novembre 1942 à la Libération. En vertu des accords d’armistice qui placent la Région en « zone libre » l’armée allemande se retire au nord de la « Ligne de Démarcation » le 6 juillet.

6/07/1940 Herriot au milieu des 6 otages du 19 juin à la Préfecture

Le Musée a organisé une IMPORTANTE EXPOSITION TEMPORAIRE « LYON JUIN 40 » en juin et juillet 2010, au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD).

Article de 2010 Dernière modification 10/2015