Les Gouverneurs Militaires depuis 1945

Les GOUVERNEURS MILITAIRES DE LYON depuis 1945

Le Gouverneur Militaire de Lyon est l’héritier d’une longue succession de représentants de l’autorité militaire : sénéchaux du moyen-âge, gouverneurs du Lyonnais de la Renaissance à la Révolution, commandants militaires au XIX° siècle, devenus Gouverneurs depuis 1873.

1945-1966 – 14° PUIS 8° RÉGION MILITAIRE 
En 1945 la région militaire de Lyon est depuis 1873 la 14° Région Militaire (RM Armée de Terre). Le poste prestigieux de Gouverneur militaire de Lyon est attribué à des généraux de corps d’armée (GCA), dont c’est le plus souvent le dernier poste. Jusqu’en 1960 tous ont été combattants en 1914-18.

Le Colonel Descour

Colonel Marcel DESCOUR (09/1944-09/1945) : Chef militaire régional de la Résistance, il est nommé gouverneur militaire de Lyon après la libération de Lyon le 3 septembre 1944. Il a la lourde tâche d’intégrer les bataillons FFI et FTP dans l’armée régulière. Cas unique, il sera à nouveau gouverneur de Lyon (1956-1960). un article particulier lui est consacré.


- Général Paul DOYEN (09/1945-03/1946) : résistant, commandant de la campagne des Alpes de mars à mai 1945.
- général René de HESDIN (03/1946-09/1949) : artilleur, ancien chef de corps du 68°RAA (1941), commandant de la 4°DMM dans l’armée de Lattre.
En 1946 le nombre de régions est réduit, Lyon devient le siège de la 8ème Région Militaire correspondant à l’ensemble Rhône-Alpes Auvergne.
- général Roger NOIRET (09/1949-08/1951) : artilleur, état-major de la France Libre
- général Pierre MAGNAN 08/1951-08/1954) : infanterie coloniale, commandant de la 9°DIC dans l’armée de Lattre.
- général Albert LAURENT (08/1954-08/1956) : artilleur, résistant, féru d’archéologie saharienne.
- général Marcel DESCOUR (08/1956-11/1960) : après de grands commandements en Autriche et en Allemagne, Descour retrouve le poste à Lyon. Honneur exceptionnel, il y élevé au grade de général d’armée.
- Général Pierre CONZE (01-1961-02/1964) : polytechnicien, artilleur, résistant, artillerie anti-aérienne.
- général Adolphe VEZINET (02/1964-03/1967) : officier de l’infanterie coloniale, combattant de la France Libre avec Leclerc depuis le Tchad et dans la 2°DB, Algérie, général d’Armée.

Cour de l’Hôtel du Gouverneur vers 1957

1966-1990 – 5° RÉGION MILITAIRE 

Insigne de la 5ème RM

En juin 1966 suite à une nouvelle réforme qui réduit le nombre de régions la 8° RM devient la 5ème RM. Le territoire de la 5ème RM couvre 5 régions civiles : Rhône-alpes, Auvergne, PACA, Languedoc-Roussillon, Corse.

- général Jean SIMON (04/1967-09/1969) : officier d’infanterie coloniale, France Libre dans la Légion Étrangère, Indochine, Suez, Algérie (compagnon de la Libération).
- général André LALANDE (10/1969-05/1973) : chasseur alpin, France Libre dans la Légion Étrangère, prisonnier à Dien-Bien-Phu, Algérie, opération sur Bizerte.
- général Robert LOUISOT (06/1973-09/1974) : infanterie coloniale, Italie, Indochine, Algérie.
- général Michel THENOZ (09/1974-01/1976) : chasseur alpin, campagnes d’Italie, de France, d’Indochine (Cambodge), d’Algérie, commande la 27°brigade Alpine, chef d’état-major particulier du président Pompidou. il contribue à retransformer la brigade alpine en division, général d’Armée.

- général Guy LE BORGNE (02/1976-01/1980) : infanterie coloniale, parachuté en Bretagne en juillet 1944, Indochine, chef de corps du 3°RPIMa, de la 11°DP, il est par ailleurs un peintre reconnu.

Général W. Boone


- général Wilfrid BOONE (01/1980-09/1983) : le dernier à avoir participé à la 2ème Guerre Mondiale, infanterie coloniale, Indochine, Algérie, chef de corps du 153°RI à Mutzig. Il démissionne en 1983.
- général Jean CUQ (09/1983-08/1987) : artilleur, Indochine, Algérie, chef de corps du 35°RA, Liban.


- général Jean GOSSOT (07/1987-08/1989) : officier de l’arme blindée, Indochine, Algérie, chef de corps du 4° Cuirassiers à Bitche.
- général BÉCHU (/08/1989-05/1990) : parachutiste, Algérie, commande le 9°RCP à Toulouse. Il est décédé en fonction à Lyon.

1990-2000 – RMD MÉDITERRANÉE 

Général G.Pormenté

Au 1er septembre 1990 en application du plan « Armées 2000 », la 5ème RM devient la Région Militaire de Défense (RMD) Méditerranée.

- général Henri SALAÜN (07/1990-10/1993) : infanterie de marine, parachutiste, Algérie, commande le 2°RPIMa à la Réunion, la 9°DIM à Nantes.
- général Jean PINCEMIN (10/1993-08/1995) : Algérie, commande le 150°RI à Verdun, la 6°DLB à Nimes.
- général Claude GENEST (08/1995-07/1997) : arme blindée, Algérie, Sahara, commande le 501°RCC de Rambouillet, la 15°DI à Limoges.
- général Georges PORMENTÉ (08/1997-07/1999) : infanterie, Algérie, chef de corps du 9°RCP à Pamiers, Cambodge, commande la 2°DB.
- général Jean-Michel de WIDERSPACH-THOR (08/1999-07/2001) : troupes de marine, commande le RICM à Vannes, la 9° DIMa à Nantes.

2000-2012 – RÉGION TERRE SUD-EST 

Insigne de la RTSE

Au 1er juillet 2000 la RMD-Med est devenue la Région Terre Sud-Est (RTSE) ; de plus le gouverneur militaire de Lyon est officier général de la zone de défense sud-est (OGZD-SE) zone administrative de sécurité civile sous autorité préfectorale. L’insigne de la RTSE associe les blasons de Lyon et de Marseille.

- général Gilles BARRIÉ (08/2001-09-2004) : chasseur alpin, montagnard, chef de corps du 27°BCA.
- général Thierry de BOUTEILLER (10/2004-08/2006) : officier d’infanterie, commande le 92°RI à Clermont-Ferrand, opex en Bosnie.
- général François-Pierre JOLY (10/2006-07/2008) : officier du Génie, commande le 3°RG à Charleville.


- général Xavier BOUT de MARNHAC (09/2008-07/2010) : officier de cavalerie, centré sur le renseignement, directeur des opérations à la DGSE, commande la KFOR au Kosovo.
- général André HELLY (09/2010-07/2012) : parachutiste infanterie de marine, commande le 2°RPIMa à la Réunion.

EMSD

2012 – ETAT-MAJOR de SOUTIEN DÉFENSE 

En 2012 l’échelon intermédiaire régional devient inter-armées, d’où l’apparition des ancres et des ailes sur l’insigne. C’est maintenant un Etat Major de Soutien Défense (EMSD), en soutien des 15 Bases de Défense (BdD) interarmées du sud-est, lesquelles dépendent directement du commandement central du soutien .

- général Martial de BRAQUILANGES (07/2012-07/2014) : infanterie de marine, commande le 8°RPIMa à Castres.

général Pierre CHAVANCY (08/2014 -05/2018 ) : infanterie, Légion Étrangère, Guyane, Tchad, Bosnie, commande la 13°DBLE à Djibouti, 3° BM à Limoges, Afghanistan, Gouverneur Militaire quatre années jusqu’à fin mai 2018.

2018 – ZONE de DÉFENSE AUVERGNE- RHÔNE-ALPES

Etat-Major Région Auvergne-Rhône-Alpes

Depuis le 1er octobre 2018 la zone de Défense correspond maintenant à la région Auvergne-Rhône-Alpes, d’où l’apparition d’un nouvel insigne avec un blason modifié associant Lyonnais, Auvergne, Dauphiné et Savoie.

Général Loiacono
  • -général Philippe LOIACONO (07/2018 -07/2021 )
    Artillerie de marine, Somalie, Rwanda, ex-Yougoslavie, chef de corps du 4°RSMA (Service Militaire Adapté) à la Réunion, inspection de l’Armée de Terre, divers postes d’état-major. Promu général de corps d’armée le 1er juillet 2018 et Gouverneur Militaire de Lyon.
    En plus des fonctions de commandant de la place de Lyon, il est Officier Général de Zone de Défense et de Sécurité (OGZDS) sous l’autorité du Chef d’Etat-Major des Armées et commandant de Zone Terre (COMZT).
  • Général Gilles DARRICAU

En fonction au 1er août 2021, officier de l’ALAT, guerre du Golfe, Yougoslavie, Côte d’Ivoire, chef de corps du 5° RHC (hélicoptères de combat), OTAN…

-Général Denis MISTRAL

Affecté le 1er août 2023, originaire de Marseille, officier de Cavalerie, il a servi au 3° régiment de Cuirassiers puis au 1er REC (Régiment Etranger de Cavalerie). Il a commandé la Légion Etrangère en 2018-2020.

Le Général Denis Mistral à Aubagne

  • Article de 2014 – Dernière modification 09/2023 – Sources : B.Demotz et coll. – Les Gouverneurs de Lyon – ELAH 2011 / Farac info

La Savoie 1814-1860

La SAVOIE du PREMIER au SECOND EMPIRE 1814 – 1860

La CHUTE de l’EMPIRE – janvier-avril 1814
Après la défaite de Napoléon à Leipzig (octobre 1813), ses ennemis coalisés se préparent à envahir la France sur toutes ses frontières.
Dès décembre 1813, un petit corps autrichien de 12000 hommes commandé par le général Bubna passe en Suisse alors sous protectorat français. En une semaine il entre à Lausanne : les préfets des départements français du Simplon et du Léman se réfugient en Savoie. Bubna s’installe à Genève qui retrouve son indépendance. En janvier il envoie ses lieutenants dans le Valais et en Savoie : le 20 janvier ils sont à Chambéry. En Savoie un général retraité Dessaix reprend du service et avec les maigres troupes rassemblées par le général Marchand en Dauphiné, ils contiennent les autrichiens aux Échelles, à Montmélian et Chapareillan.

Le général Dessaix

En février Chambéry et Annecy sont repris et Genève est investi, parallèlement à l’offensive vers le nord du maréchal Augereau nommé commandant de l’Armée de Lyon. Mais une armée autrichienne descend par la vallée de la Saône ; Augereau les affronte dans les batailles perdues de St-Georges-de-Reneins et de Limonest. Lyon est prise le 20 mars. Dessaix et Marchand doivent aussi reculer, Chambéry tombe le 30 mars. Dessaix continue le combat en Maurienne jusqu’au 15 avril, soit 4 jours après la signature du traité de Fontainebleau. Les troupes françaises doivent quitter la Savoie, qui subit alors l’occupation autrichienne. Ses réquisitions accablent le pays, qui est de plus traversé par des convois militaires circulant dans les 2 sens entre la France et l’Italie.

La SAVOIE DIVISÉE
Par le traité de Paris (30 mai 1814), la France perd toutes les conquêtes de la Révolution et de l’Empire; elle est ramenée dans ses frontières de 1792 avec une (petite) compensation : elle garde la moitié occidentale de la Savoie avec Chambéry et Annecy. La moitié orientale et Montmélian font retour au roi de Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel Ier revenu à Turin. Un préfet se réinstalle à Chambéry à nouveau département du Mont-Blanc, alors que le Mont-Blanc est à l’étranger… Ce découpage absurde fait l’unanimité contre lui. Pour aller du Faucigny en Maurienne il fallait passer par la Savoie française et pour aller de Chambéry à Grenoble, il fallait traverser la Savoie « sarde » à Montmélian.

La frontière de 1814

Les « CENT-JOURS »
Avec le retour de Napoléon en mars 1815 l’Empire est rétabli, mais ce changement de régime divise et affaiblit encore plus le camp pro-français. Un citoyen sur 10 seulement participe au plébiscite sur la nouvelle constitution. Le maréchal Suchet organise difficilement une armée des Alpes de 15000 hommes. Une attaque préventive est initiée le 14 juin : elle parvient jusqu’à Évian, Moutiers et St-Jean de Maurienne. Le 23 juin une armée austro-sarde de 40000 hommes contre-attaque par le Valais, la Tarentaise et la Maurienne. Les français doivent reculer ; seul le colonel Bugeaud tente d’arrêter l’invasion à l’Hôpital (Albertville) dans un violent combat devenu sans objet, car Napoléon a été battu à Waterloo le 18. Le 3 juillet les Autrichiens sont à Chambéry, les sardes le 9 à Grenoble et Lyon est occupée le 17. Les sardes occupent le Dauphiné et les autrichiens la Savoie, à nouveau soumise à une occupation bien plus brutale qu’en 1814.

Le RETOUR de la MAISON DE SAVOIE

Victor-Emmanuel Ier

Le second traité de Paris du 20 novembre 1815 marque le retour à la paix. La France perd la partie de la Savoie conservée en 1814. La Savoie est donc réunifiée et réintégrée dans les possessions de la Maison de Savoie après plus de 22 ans de régime français. Les autrichiens évacuent le pays et les troupes sardes entrent à Chambéry le 16 décembre dans l’allégresse générale. Le pays est réorganisé : un gouverneur réside à Chambéry. L’organisation territoriale reprend les divisions traditionnelles (Chablais, Faucigny, Genevois,Tarentaise, Maurienne, Savoie Propre, plus la création d’une province de « Haute-Savoie » autour de Conflans-l’Hôpital.
Après Victor-Emmanuel Ier qui abdique en 1821, le roi Charles-Félix (1821-1831), très attaché à la terre de ses ancêtres, est bien apprécié en Savoie. Il choisira l’abbaye d’ Hautecombe pour sépulture. Lui succédera Charles-Albert (1831-1849) en l’honneur duquel Conflans-l’Hôpital devient Albertville en 1835.

Les « provinces » savoyardes en 1840

Charles-Albert tente de réaliser l’unité italienne au profit de son royaume en s’opposant aux Autrichiens. Il est sévèrement battu 2 fois à Custozza (1848) et à Novare (1849) et abdique en faveur de son fils Victor-Emmanuel II.

Le RETOUR À LA FRANCE
Par la suite en 1860 la réalisation de l’unité italienne au profit du roi Victor-Emmanuel II, avec l’aide militaire intéressée de Napoléon III conduira à la réunion sanctionnée par un plébiscite de la Savoie (et de Nice) à la France. La perte de la Savoie achève le glissement progressif de la Maison de Savoie vers l’Italie, commencé par Emmanuel-Philibert en 1562 par le transfert de sa capitale de Chambéry à Turin.

Article de 2017 – Sources : A. Palluel-Guillard & col. – La Savoie de la Révolution à nos jours – Ouest-France 1986

Création des Troupes Alpines

LesTROUPES ALPINES ou TROUPES de MONTAGNE: De la NAISSANCE à LA GRANDE GUERRE

Les CHASSEURS à PIED

Chasseurs à pied en 1876

Pendant la conquête de l’Algérie, la nécessité de disposer d’une infanterie légère et rapide avait conduit à créer en 1840 les dix premiers bataillons de Chasseurs. Ils sont appelés Chasseurs à pied pour les distinguer des Chasseurs à cheval. Ils sont 20 bataillons (BCP) en 1855.

Les Chasseurs se sont particulièrement bien battus en Algérie et pendant la guerre de 1870. Leur nombre passe à 30 bataillons en 1871. Se distinguant par leur tenue sombre, les Chasseurs sont organisés en « bataillons formant corps » autonomes, conduits par un commandant chef de corps « Chef de Bataillon« , permettant une action plus souple qu’un régiment d’Infanterie classique.


Chasseur Alpin Italien

La NAISSANCE des CHASSEURS ALPINS
Après la guerre de 1870, les relations franco-italiennes se dégradent, en particulier après 1881 avec l’établissement du protectorat français en Tunisie. Or dès 1872 l’Italie avait mis en place et développé sur la frontière française des troupes spécifiques, les « Alpini », dotés d’un chapeau à plume caractéristique.
Dès 1873 un député des Hautes-Alpes Ernest Cézanne s’alarme de cet état de fait ; il n’est pas entendu. En 1878, le lieutenant-colonel Zédé (futur gouverneur militaire de Lyon) en poste à Briançon propose au général Bourbaki gouverneur de Lyon de faire manoeuvrer en haute montagne un bataillon de chasseurs à pied. Cette proposition est validée et en 1879 : le 12° BCP de retour d’Algérie et basé à Lyon, est désigné pour cette mission. Son chef le commandant Arvers est le pionnier de l’alpinisme militaire : de 1879 à 1885, le 12°BCP reconnait tous les cols et passages des Alpes Dauphinoises, sans autre équipement que celui réglementaire des Chasseurs à pied.
Pendant ce temps le général Ferron est chargé à l’Etat-major de la défense des Alpes. Il prescrit des marches de 10 jours en montagne pour certains régiments d’infanterie et des séjours de 3-4 mois en montagne pour quelques BCP. Ces expériences amènent à doter les militaires montagnards d’effets spécifiques vers 1886 : brodequins, bandes molletières, manteau raccourci et béret béarnais. Ce béret très large, la « tarte », a été choisi, car on devait pouvoir y glisser les deux pieds. Puis ce sera la large cape bleue et la ceinture de flanelle portée sur la veste.

Le général Ferron va organiser progressivement des « Groupes Alpins » : à chaque BCP est associé une batterie d’artillerie et un détachement du Génie (du 2°RA et du 4°RG de Grenoble pour le secteur du XIV° CA de Lyon). Ces groupes alpins sont dotés de mulets pour assurer les transports. L’étape suivante était la reconnaissance législative de ces dispositions. Ferron devenu un éphémère ministre de la guerre présente un projet dans ce sens : après quelques péripéties parlementaires finit par être votée le 24 décembre 1888 la « loi modifiant l’organisation des chasseurs à pied« . Cette loi porte à six le nombre des compagnies des 12 bataillons de Chasseurs stationnés dans les XIV° (Lyon) et XV° (Marseille) régions et leur attribue des personnels complémentaires et des mulets. Sur la région de Lyon les BCP concernés devenus BCA sont :
le 11° Annecy, le 12° Grenoble, le 13° Chambéry, le 14° Grenoble, le 22° Albertville, le 28° Grenoble, le 30° Embrun.

L’INFANTERIE ALPINE
Très vite en 1889, pour la défense de la Haute-Maurienne un nouveau « groupe alpin » est constitué avec un bataillon du 97° Régiment d’Infanterie (RI) de Chambéry détaché à Modane. Entre temps en 1887 avaient été créés des régiments d’infanterie supplémentaires dits « régiments régionaux » : trois d’entre eux sont affectés à la défense des Alpes. Les 157° et 158° basés à Lyon fournissent chacun deux bataillons pour occuper un poste dans les Alpes, ainsi le 157° détache un bataillon au fort de Tournoux et à Jausiers (04) et le 158° en Tarentaise et Maurienne.

Les officiers du 157° RI à Jausiers 1906

Le 159° tient garnison à Briançon depuis 1890. Les bataillons d’infanterie basés en montagne gardent la tenue d’infanterie avec le pantalon rouge, mais adoptent le grand béret et les bandes molletières.

Le 158° d’Infanterie

D’autres régiments d’infanterie du XIV° CA sont « alpinisés » les 99°RI et 22°RI à Gap, le 140° RI de Grenoble. Retour ligne manuel
Mais c’est au 159° de Briançon que sera introduit l’usage des skis, en particulier par le capitaine Clerc, avec l’ouverture en 1903 d’une école de ski à Montgenèvre.

Le capitaine Clerc et les pionniers du ski

Le général baron Bergé, gouverneur militaire de Lyon 1889-1893 est le grand organisateur des troupes alpines et de l’espace alpin par la construction de routes stratégiques, avec la participation des alpins. Sur les grands cols des Alpes des stèles rappellent son action.
En 1910 les batteries d’artillerie alpines de la XIV° région sont regroupées en un 1° Régiment d’artillerie de Montagne (RAM).

La GRANDE GUERRE
Les troupes alpines ainsi organisées vont être engagées entre 1912-1914 au Maroc pour certains BCA, puis ce sera la Grande Guerre, où toutes les unités alpines combattront héroïquement, au prix de lourdes pertes, en particulier dans les Vosges, où les chasseurs gagneront le surnom de « Diables Bleus ».

Après l’Armistice de 1918 les bataillons de réserve de Chasseurs Alpins sont dissous.
Cinq bataillons de Chasseurs Alpins (BCA) occupent la Rhénanie, tandis que 6 autres sont envoyés en Haute-Silésie pour encadrer le plébiscite qui doit partager la région.

La SUITE de L’HISTOIRE des TROUPES ALPINES
L’ histoire des Troupes Alpines (2ème partie) jusqu’à nos jours est décrite dans un article sur la 27ème Division Alpine

Article de 2013 – dernière modification 08/2020
Source : Revue Historique des Armées : les troupes de montagne 03/1988

Les Fortifications Séré de Rivières

LA POLITIQUE de FORTIFICATION de SÉRÉ de RIVIÈRES À LYON 

Le Général Séré de Rivières (1815-1895)
Originaire d’Albi, ce polytechnicien sert pendant toute sa carrière dans le Génie Militaire à Toulon, Perpignan, Castres, Carcassonne. Blessé en Italie, il est par la suite directeur du Génie à Metz où il fortifie la place (1866).

Général Séré de Rivières

En 1868 il est directeur du génie à Lyon ; il juge que les fortifications de son prédécesseur Rohault de Fleury sont obsolètes, tant par l’extension de la ville que par l’augmentation de la portée des canons et il projette une ceinture d’ouvrages nettement plus large.
Le 4 septembre 1870, Lyon apprend la chute de l’Empire ; le colonel Séré de Rivières, commandant de la place de Lyon, parvient à garder le contrôle de la situation face à un climat semi-insurrectionnel, tout en mettant en route les chantiers de fortifications. Promu général, il part de Lyon courant décembre avec le 24° corps rejoindre l’armée de l’est avec Bourbaki et passe en Suisse ; il revient à Paris commander le Génie de l’armée de Versailles qui assiège Paris contre la Commune.

Après la défaite de 1870, la IIIème République réorganise toute la politique de défense. Séré de Rivières devient alors en 1874 Directeur du Service du Génie au ministère, où il est chargé de la construction urgente du nouveau système de fortification, qu’il va développer de Lille à Toulon, en passant par Verdun, la nouvelle frontière de Lorraine, le Jura et les Alpes et aussi les villes de Paris et Lyon considérées comme des objectifs stratégiques. Malgré la mise en disponibilité de Séré de Rivières par le ministre en 1880, sa politique sera poursuivie. Il a été qualifié de « Vauban du XIX° siècle« .

FORTIFICATIONS RÉGIONALES – période 1874-1885

Fortifications de Lyon :
L’allongement de la portée des canons rend obsolètes les enceintes continues et la première ceinture de forts proches de la ville construits sous Louis-Philippe. Le projet pour Lyon prévoit la construction d’une seconde ceinture comprenant une série de forts beaucoup plus éloignés de la ville (5 à 10 km). Ces forts ont en général une forme polygonale, avec un angle dirigé en pointe vers l’ennemi, plus larges que profonds, protégés par d’épais massifs de terre, avec des fossés étroits et profonds.

Entrée du fort du Mont-Verdun


Voici la liste des ouvrages réalisés autour de Lyon avec la date du début de leur construction : – Sur la rive droite de la Saône du sud au nord : le fort de Champvillars (1878 Irigny), le fort de Montcorin (1878 Irigny), le fort de Côte-Lorette (1882 St-Genis-Laval), le fort du Bruissin (1878-81 Francheville), le fort du Paillet (1884 Dardilly), batterie de la Fretta (1878) et l’ensemble formé par le fort du Mont-Verdun (1874) occupé aujourd’hui par la BA 942 et les batteries du Narcel, du mont-Thou et la batterie des Carrières à Limonest.

Entrée du Fort de Vancia


Entre Saône et Rhône d’ouest en est : la batterie de Sathonay (1878), le fort de Vancia (1878 Rillieux) et les batteries de Sermenaz (1878 Neyron). Le fort de Vancia accueille en 1914 le centre d’instruction automobile du 14° escadron du Train, puis en 1919 un centre d’instruction motocycliste de la Gendarmerie, occupé aujourd’hui par une base de loisirs.
Sur la rive gauche du Rhône du nord au sud : la batterie de Lessignas (1878), le fort de Bron (1875-77), la batterie de Parilly (1878), le fort de Corbas (1878-80) et le fort de Feyzin (1875-77). La maquette du fort de Feyzin montre les façades des deux casernes : casernes de parados et caserne du cavalier orientées vers l’arrière du fort.

Maquette du fort de Feyzin

Le maître d’œuvre des forts du Mont-Verdun et de Vancia est le capitaine du Génie Edouard Thiers, héros du siège de Belfort en 1870 avec les mobiles du Rhône, qui sera ensuite député de Lyon. L’avenue Thiers dans le 6ème arrondissement lui est dédiée (et non pas au politicien bien connu Adolphe Thiers).

Fortifications des Alpes :
La défense de Alpes fait aussi partie des projets de Séré de Rivières. Les contraintes topographiques conduisent à construire un fort d’interdiction pour bloquer l’entrée d’une vallée, un ou plusieurs forts de protection à mi-hauteur et des ouvrages de surveillance sur les crêtes. Les travaux commencent en 1875 pour les places de Modane, Briançon, Grenoble et Chamousset avec le fort du Montperché (ouvrage du capitaine Thiers avant ceux de la place de Lyon).

FORTIFICATIONS RÉGIONALES – période 1890-1895

L’introduction en 1885 d’un nouvel explosif brisant la mélinite rend obsolète les constructions précédentes, qui doivent être renforcées par un enrobage de béton. Les nouveaux ouvrages seront plus trapus, en béton, puis en béton armé, avec des pièces d’artillerie sous casemates ou dans des tourelles métalliques.

À Lyon sont construits le fort de Chapoly (1890 St-Genis-les-Ollières), le fort de Meyzieu (1893), l’ouvrage de Décines (1896), le fort de Genas (1889), le fort de Saint-Priest (1885). Le fort de Corbas est le seul à être équipé d’une tourelle cuirassée de 160 tonnes à 2 canons de 155 actionnée par une machine à vapeur. En 1890 sont construits 2 magasins à poudre (capacité 100 tonnes) dans le ravin de Sathonay et à Saint-Fons. Au total la nouvelle ceinture de fortifications compte 14 forts et 12 batteries sur un périmètre de 65 km.

Dans les Alpes, on renforce ou on construit les places de Bourg-St-Maurice, de St-Michel-de-Maurienne et du Mont-Cenis (fort de la Turra). Les italiens font de même avec leurs forts du Mont-Cenis et surtout construisent le fort de Chaberton qui domine Briançon.

Entrée du fort de Bron

Un site général remarquable sur les fortifications de cette époque : www.fortiffsere.fr/
Pour une visite virtuelle et toutes les informations sur le fort de Bron, voir le site : www.fort-de-bron.fr/
L’association Limonest Patrimoine gère la Batterie des Carrières, voir le site : www.limonest-patrimoine.net/

Article de 2010dernière modification 06/2020
Sources : Henri Ortholan -Le général Séré de Rivières – Giovanangeli 2003 / Dallemagne & coll. – les Défenses de Lyon – ELAH 2006 / R.Bonijoly – Les systèmes fortifiés de Lyon – Association Vauban 2005

L’Arme du Train

Les UNITÉS MILITAIRES du TRAIN À LYON et RÉGION LYONNAISE

Le 26 mars 1807, alors qu’il est au camp d’Osterode en Prusse orientale, Napoléon décide la création du Train des Équipages militaires pour abandonner l’emploi d’opérateurs civils soumissionaires. Ainsi la logistique opérationnelle est militarisée. Les soldats du train vont être familièrement appelés « Tringlots », car par la suite ils sont dotés d’un mousqueton de cavalerie particulier équipé d’une tringle de suspension.

Attelages hippomobilesCarte envoyée en 1909

ENTRE 1871 et 1914
Après la défaite de 1870, la III° République réorganise complétement l’Armée en 1875. Le Train des équipages devient une Arme, avec un escadron du Train dans chaque corps d’armée. Créé à Lyon le 21 avril 1875, le 14° Escadron du Train (ET) est celui du 14° Corps d’Armée. Ses missions sont : le soutien de l’état-major du CA, la fourniture de convois administratifs et auxiliaires, la constitution de compagnies hippomobiles, de boulangeries de campagne et de compagnies sanitaires.

Les Officiers en 1907

Avant 1914 le PC, 2 compagnies hippomobiles et un peloton hors rang sont logés à la caserne de la Part-Dieu ; une 3ème compagnie hippomobile est au camp de la Valbonne. Les activités principales sont les soins aux chevaux, l’entretien des attelages et voitures, la formation… Le tringlot est à la fois soldat, palefrenier, maréchal-ferrant, bourrelier, charron, conducteur… Un détachement à Briançon porte le béret alpin et organise le transport en montagne (mulets).

Bivouac en tenue alpine (autochrome)

En avril 1907 à la Part-Dieu, en présence du général Galliéni gouverneur militaire de Lyon, le Train fête son centenaire avec défilé historique, carrousel de voitures et banquet.

Diversité des Uniformes

En 1913 est créé le Service Automobile de l’Armée. Le 14° ET va ouvrir un Centre d’Instruction automobile au fort de Vancia pour former des conducteurs de voitures et de camions.

La GRANDE GUERRE
Selon le plan de mobilisation aux 3 compagnies d’active s’ajoutent 21 compagnies activées : 13 compagnies hippomobiles et 8 compagnies territoriales, plus une compagnie automobile. Le 2 août 1914 le 14° ET mobilise 104 officiers, 7215 hommes, 8250 chevaux et 2346 voitures. En août 1914 32 formations hippomobiles sont constituées, alors que 21 étaient prévues. 3 compagnies (10,11, 12) sont muletières affectées au front des Vosges. La 13° compagnie sera envoyée à l’Armée d’Orient. Au cours de la guerre automobiles et camions prennent de plus en plus d’importance : 80 sections automobiles sont rattachées au 14° ET. À Lyon le fort de Vancia est toujours centre d’instruction et il est créé à Lyon un Centre d’Approvisionnement de Matériel Automobile (CAMA) et par la suite un parc automobile avec divers dépôts.

Camion Berliet à la Part-Dieu

L’ENTRE-DEUX-GUERRES
Au jour de l’Armistice le 14° ET a perdu 460 hommes. L’unité réintègre la Part-Dieu, où les compagnies sont démobilisées. Le Service Automobile fusionne avec le Train des équipages. En 1920 le 14° ET comprend 2 compagnies hippomobiles et 2 compagnies automobiles. En 1925 une compagnie automobile part pour la guerre du Rif.
En 1928 le Train des Équipages devient « le Train », rattaché à la cavalerie. Ses effectifs sont réduits : en 1929 le 14° ET devient la 14° Compagnie Autonome du Train (14° CAT), rebaptisée en 1935 Compagnie Régionale du Train (14° CRT).
En 1938 la CRT fait place au 14° Escadron du Train reconstitué. Lyon n’accueille plus qu’une compagnie, les autres sont à Grenoble.

Insigne du 14° ET recréé 1938

La DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
À la mobilisation début septembre 1939, le 14° ET est dissous. Avec le renfort des personnels mobilisés, il éclate en de nombreuses unités opérationnelles : Groupe de transport de matériel, compagnies hippo- ou automobile de quartier général, groupes transport de personnel, compagnies muletières, compagnies hippo- ou automobile de transport, compagnies sanitaires… répartis dans diverses grandes unités.
Après la défaite, l’armistice de juin 1940 maintient dans le sud de la France (la zone libre) une petite armée d’armistice. Le Train y est réduit à 8 compagnies comprenant un peloton de circulation routière et 3 sections de 20 camions. Lyon devient le siège de la 14° Division Militaire avec la 14° Compagnie Divisionnaire du Train (CDT) logée à la Vitriolerie et Sathonay avec une section à Gap. Cette armée est dissoute en novembre 1942 lors de l’invasion de la zone sud par les allemands.

DE 1945 À 1967
En 1945 le Train devient indépendant de la Cavalerie et possède sa propre école d’application à Tours. Dès février 1945 il est reconstitué un 14° Escadron Régional du Train (14° ERT) qui retrouve place à la Vitriolerie. Un an plus tard en avril 1946 il est rebaptisé 8° ERT, du fait de la réorganisation des régions militaires, la région de Lyon devenant la 8° région. La direction régionale du Train se tient au 3° étage de la caserne Bissuel.

Insigne du CIT 158

Le 8° ERT demeure à la Vitriolerie jusqu’en 1968. Il lui est rattaché un Centre d’Instruction du Train n° 8 (CIT8) de 1946 à 1951 à la Valbonne. Recréé au camp de Sathonay en 1955, rebaptisé CIT 158, il instruit les troupes rappelées en Algérie ; il est dissous en 1966.

Vienne accueille également une unité du Train. Le GT505 (Groupe de Transport) de retour de l’expédition de Suez en décembre 1956 vient s’établir à Vienne à la caserne St-Germain. Il devient un régiment du Train en 1978 le 505° RT qui restera à Vienne jusqu’à sa dissolution en 1990.

Insigne du GMR 5

DEPUIS 1967
En 1967 nouvelle réorganisation territoriale : la région de Lyon devient la 5° Région Militaire. En 1968 l’ERT est dissous ; ses moyens sont affectés à une compagnie régionale du Train dans le GMR 5 (Groupement des Moyens Régionaux).
En 1977 sont créés des régiments de commandement et de Soutien (RCS) destinés à soutenir une grande unité opérationnelle. Le 14° RCS soutien de la 14° DI s’installe à la Vitriolerie devenue quartier Général Frère, mais sera dissous dès 1984. Le 27° RCS, soutien de la 27° division alpine basé à Grenoble et Varces aura une existence plus longue (1977-1999) et participera aux opérations extérieures.

À la dissolution du 14°RCS, une partie de ses moyens rejoint l’Escadron de Transport de la 5° région (ERT 5) stationné à la caserne Blandan (fort Lamotte) et administré par le GMR5 / 22°RI unité de soutien de la région puis RMD de Lyon.

En 2016 le Train qui dépend du commandement de la logistique (COM-LOG) n’a plus aucune formation opérationnelle en région Rhône-Alpes-Auvergne. Le COM-LOG n’y est représenté que par le Régiment Médical de la Valbonne, spécialisé dans la logistique santé.

1907 à la Part-Dieu – 100 ans d’histoire du Train

Article de 2016

Sources : M.Terrible – Les formations du Train et de soutien en région Rhône-Alpes au XX° siècle – plaquette 2010 / Cne J.Tournassoud – Livre d’or du Centenaire – J.Blanc 1907   

L’Ecole du Service de Santé de Lyon

L’ÉCOLE de SANTÉ des ARMÉES de LYON (ESA) :

L’École de Santé de Lyon est l’héritière de l’École Impériale du Service de Santé Militaire créée en 1856 à Strasbourg pour héberger et encadrer les élèves médecins et pharmaciens militaires pendant leur cursus unversitaire. Les élèves médecins y deviennent populaires sous le nom de « carabins rouges ». Mais en 1870 la ville est assiégée : les élèves les plus jeunes participent courageusement aux secours pendant le siège (quatre y sont tués). Strasbourg tombe aux mains des allemands et l’école est fermée.

Il faut attendre la décennie 1880 pour que s’impose à nouveau la nécessité de réunir et d’encadrer les élèves médecins militaires dans une école pendant leur formation universitaire. En 1883 Gailleton le maire de Lyon propose sa ville. La décision est prise fin 1888 de créer cette école pour l’Armée de Terre et la ville de Lyon est choisie. La mairie de Lyon s’engage à faire construire et installer les bâtiments de l’École sur l’avenue des Ponts du Midi (future avenue Berthelot). En attendant dès le printemps 1890 les premiers élèves, qui seront bien vite appelés les « Santards », s’installent à l’Hôpital Desgenettes (l’ancien) quai de la Charité.

Vue Générale de l’Ecole

La nouvelle École du Service de Santé Militaire (ESSM) n’ouvre ses portes que pour la rentrée 1894 et est inaugurée en mai 1895. C’est une construction de qualité en pierre de Villebois, qui occupe 2 pâtés de maison. Le long de l’avenue le bâtiment de façade accueille les salons, les bureaux et les logements des cadres.

Le bâtiment de façade sur l’avenue Berthelot


La cour d’honneur est entourée par trois pavillons baptisés « Percy », « Desgenettes » et « Larrey » auxquels sont annexés un amphithéâtre et un réfectoire. Ces bâtiments sont reliés par une passerelle au dessus de la rue de la Méditerranée (aujourd’hui rue E. Rognon) au second groupe de bâtiments occupés par les annexes : infirmerie, gymnase, habillement, douches, chaufferie, logements…
A la même époque est inaugurée en 1890 à Bordeaux l’École du Service de Santé pour la Marine et les troupes de Marine, dont les élèves seront appelés les « Navalais ». Les deux écoles vont coexister pendant 120 ans, jusqu’au regroupement à Lyon en 2011…

Ernest Duchesne


La vie des santards à Lyon se partage entre la faculté de médecine, l’hôpital et l’École, où ils bénéficient en plus d’un enseignement militaire, de conférences, d’activités sportives, de « colles »… Ils portent la tunique noire et le pantalon rouge. L’École s’honore de la thèse de médecine en 1897 de l’élève Ernest Duchesne intitulée : « Contribution à l’étude de la concurrence vitale chez les microorganismes – Antagonisme entre les moisissures et les microbes« . C’était la porte ouverte à la naissance de l’antibiothérapie, mais cette piste de recherche va être négligée pendant encore quelques décennies…

La 3ème Division en 1911

Le 2 août 1914, les 542 santards sont mobilisés : 44 d’entre eux meurent pour la France. Pendant les années de guerre, l’ESSM devient l’hôpital complémentaire n°9 avec 200 lits, qui accueille entre autres des prisonniers allemands (soignants et blessés) .

Octobre 1919 : réouverture de l’ESSM pour 336 anciens santards et 105 nouveaux élèves, dont les premiers élèves pharmaciens. Les élèves portent alors la tenue bleu-horizon.

Années 1920 le musée d’anatomie


La croix de Guerre 1914-1918 est décernée à l’ESSM en 1926 ; elle lui est remise en même temps que son drapeau en mai 1928. En 1932 le tenue de travail devient kaki et la grande tenue de cérémonie noire et rouge est rétablie. A partir de 1933 l’hôpital Villemanzy sur les pentes de la Croix-Rousse devient une annexe de l’ESSM pour y loger une partie des élèves. Après la création de l’Armée de l’Air en 1933, un certain nombre d’élèves peuvent opter pour celle-ci. La légion d’Honneur est remise à l’ESSM en 1935 lors d’une prise d’armes place Bellecour.

Insigne de l’ESSM

Après la défaite de 1940, l’École doit accueillir une partie des élèves de l’Ecole Polytechnique repliée à Lyon ; une partie des santards est logée à l’hôpital Villemanzy. En novembre 1942 les allemands occupent Lyon : les santards se replient sur Villemanzy et le nouvel hôpital Desgenettes en construction ; ils doivent se mettre en civil et l’ESSM devient l’ESS. L’École est occupée par les allemands, elle devient le siège de la Gestapo : des résistants y sont interrogés et torturés, beaucoup ne survivent pas. Le 26 mai 1944 le bombardement des voies ferrées par les alliés atteint l’École : le bâtiment de façade est détruit.

insigne 1947-2011

Les santards retrouvent en janvier 1946 leur école redevenue ESSM ; elle est décorée de la croix de guerre 39/45 dès le mois d’avril : 14 élèves sont morts pour la France. Le nouvel insigne de l’ESSM en 1947 associe par tradition les blasons de Strasbourg et de Lyon. Le bâtiment de façade a été rasé au niveau du rez-de-chaussée et la cour de l’École fermée par une palissade, qui sera très pratique pour les santards pour « faire le mur ».
Dans les années 1950 le directeur de l’Ecole est aussi le médecin-chef de l’Hôpital Desgenettes. De 1953 à 1956 apparaît une nouveauté d’avenir : l’ouverture temporaire du concours aux filles. La reconstruction de la façade sur l’avenue est achevée en 1962 : ce sont 2 bâtiments séparés par un péristyle.

1955 Prise d’Armes dans la Cour sur fond d’avenue Berthelot

En 1971 le Service de Santé devient interarmes. Une nouvelle tenue interarmes bleue avec casquette remplace le kaki et le képi, ainsi que la tenue de cérémonie avec bicorne dite tenue « pinder ». Les écoles de formation sont fusionnées en une seule École du Service de Santé des Armées (ESSA), mais on garde les 2 implantations de Bordeaux et Lyon… En 1973 l’ESSA est à nouveau ouverte aux filles, dont le nombre va devenir de plus en plus important.

1976 : coiffes bleues et sac à main pour les filles

Dans les années 1960 l’infrastructure de l’École ne correspond plus aux normes modernes. La construction d’une nouvelle école est décidée en 1970 sur le terrain de l’ancienne base aérienne de Bron. Construite entre 1979 et 1981, la nouvelle École ouvre ses portes en juillet 1981 et l’inauguration officielle a lieu en novembre. L’École occupe un vaste espace et offre aux élèves des locaux surdimensionnés avec un confort et des installations pédagogiques et sportives de haut niveau. Les nouveaux locaux sont très fonctionnels, mais manquent un peu d’âme, surtout au début… En 1988 est célébré avec faste le centenaire de l’École.

Baptême de promotion 2003coiffes blanches

Chaque année en octobre a lieu le baptême de la promotion entrant en 2ème année après avoir franchi le barrage du concours de 1ère année… La promotion baptisée en 2010 a pris le nom de baptême de « carabins rouges ».

Insigne de l’ESA

En 2008 la fermeture progressive de l’École de Bordeaux est décidée ; elle devient effective en 2011. Tous les élèves sont regroupés à Bron et l’École unique a pris le nom officiel d’École de Santé des Armées (ESA) en juillet 2011 avec un nouvel insigne.

Au 1er septembre 2018 le site de Bron prend le nom d’ »Écoles Militaires de Santé de Lyon Bron » (EMSLB) regroupant en une même structure administrative l’ESA et l’EPPA (École des Personnels Paramédicaux des Armées) créée en 1990 à Toulon et déplacée.

L’ancienne École de l’avenue Berthelot, revenue à la ville de Lyon est devenue le « Centre Berthelot », qui accueille le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), l’Université Lyon 3 Jean Moulin, l’Institut d’Études Politiques, l’Espace Rhône-Alpes, Handicap International, l’orchestre de l’opéra de Lyon… La cour d’honneur a été baptisée en 2017 « Esplanade Général Pierre Robert de Saint-Vincent » pour honorer la mémoire du Gouverneur militaire de Lyon « Juste parmi les Nations ».

Sources : Méd.Gal. Chanteloube – Album du Centenaire – Lavauzelle 1988 / Album photographique ESSM – J.Blanc 1911

Article de 2011 – Dernière modification 09/2021               

Le 22° RI

HISTORIQUE du 22° RÉGIMENT D’INFANTERIE

ÉPOQUE LOUIS XVI 
La filiation du 22° RI remonte au régiment de Guyenne (1684), qui en 1776 de régiment à 4 bataillons est dédoublé en 2 régiments à 2 bataillons. Les 2° et 4° bataillons de l’ancien Guyenne deviennent le Régiment de Viennois, 22ème régiment de l’ordre de bataille. De 1776 à 1783 il est basé à la Martinique et fait campagne contre les Anglais dans les Antilles. Il tient ensuite garnison à Boulogne et Calais puis Dunkerque (1788)

Epoque 1776

PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE 
Le 1er janvier 1791, le Régiment de Viennois devient le 22° Régiment de ligne. Il est à Saint-Omer au début de 1792. Le 1er bataillon sera à la bataille de Valmy, tandis que le 2ème sera au siège de Lille et à Jemappes sous Dumouriez. Ce bataillon participe à la campagne des Pays-Bas et à la victoire de Honschoote (1793). Une réorganisation amalgame bataillons de l’armée régulière et bataillons de volontaires. Le 2ème bataillon du 22° est réunis avec un bataillon du « Rhône et Loire  » et un autre de la Corrèze pour former la 44° demi-brigade.
En 1796 la 44° demi-brigade est renommée 22° demi-brigade de ligne est stationnée en Belgique 1796-1799. En 1800 elle est de la campagne d’Italie, passe le Grand-Saint-Bernard, participe à la prise d’Aoste et se bat à Montebello et Marengo. En 1803 les Demi-Brigades redeviennent des régiments.

La GRANDE ARMÉE sous l’EMPIRE 
Le 22° RI est en 1804-1805 à Saint-Omer, puis aux Pays-Bas et participe à la campagne de 1806-1807 contre la Prusse et la Russie en s’illustrant à la bataille de Heilsberg contre les Russes. Le 22° RI tient ensuite garnison à Berlin et Magdeburg (1808-1809). En 1810 campagne d’Espagne ; il est à Astorga, à Villaposa et à la bataille de Salamanque (07/1812). Le régiment réduit à un bataillon, doit se rendre après une défense acharnée au siège de Saint-Sébastien (06/1813). Les cadres excédentaires du régiment revenus en France reforment le 22° RI qui participe à la campagne d’Allemagne : Weissenfels, Lutzen, Bautzen. Pendant la campagne de France (1814) le 22° est à Maastricht. Pendant les Cent-Jours, il participe à la campagne en Belgique (Fleurus). A la chute de Napoléon, le régiment est licencié.

22° RI 1805

La RESTAURATION et la MONARCHIE de JUILLET 
En 1815 le nouveau régime crée des Légions Départementales. Celle de l’Isère devient le 22° RI en 1820. Ce nouveau régiment participe à l’expédition d’Espagne 1823-1825. Il est ensuite stationné à Toulouse et Tarbes puis Rochefort et Oléron (1826/27) puis Saint-Omer et Lille (1828/32). En 1832 C’est la campagne de Belgique qui s’achève par le siège d’Anvers.

De 1833 à 1838 le 22° se déplace de garnison en garnison jusqu’à la côte de la Méditerranée, d’où il rejoint l’Algérie. De 1839 à 1846, il participe à la conquête de l’Algérie : expédition des Portes de Fer, opérations dans le Constantinois, prise de Tebessa… au cours de multiples opérations au prix de marches pénibles sur un terrain difficile. En 1847 le 22° fait la connaissance de Lyon et du fort La Motte.

22° RI 1870

Le SECOND EMPIRE et la GUERRE de 1870 
De 1848 à 1870, le 22° RI passe par de nombreuses garnisons d’un bout à l’autre de la France. Il participe en 1859 à la campagne d’Italie dans l’armée de réserve. En août 1870, il est sur la frontière espagnole quand il rejoint le camp de Châlons, d’où il part combattre sur la Meuse à Mouzon, Douzy et Sedan, où le régiment est fait prisonnier et emmené en Allemagne pour huit mois de captivité.

La IIIème RÉPUBLIQUE et la GRANDE GUERRE 
Le 22° est reformé au Puy en juillet 1871 ; il est à Montélimar et Valence en 1873/74, à Briançon et Gap en 1874/75 puis à Lyon et Romans en 1875-1880. En 1881/82 il s’illustre dans l’expédition de Tunisie. Il tient ensuite garnison à Montélimar (1883-85), puis Lyon et Vienne (1885-1889) ; dans les années 1890 il est à nouveau à Montélimar (1890-99). Affecté ensuite aux troupes alpines, il est stationné à Gap (1899-1902). Il est alors composé de 4 bataillons à 4 compagnies; il détache une compagnie à St-Vincent et un bataillon à Mont-Dauphin qui lui même détache une compagnie à Château-Queyras.

La garde du drapeau Sathonay 1902

En 1902, il rejoint le camp de Sathonay et Bourgoin (un bataillon), où il demeure jusqu’à la mobilisation de 1914. Le régiment se regroupe à Bourgoin et rejoint le front. De 1914 à 1918 il est de toutes les batailles au prix de lourdes pertes et sur son drapeau viennent s’ajouter « Champagne 1915″ « la Malmaison 1917 » « Reims 1918 » « Somme Py » aux noms qui y figurent déjà (« Hondschoote 1793 » « Marengo 1800 » « Lutzen 1813 » « Anvers 1832 »). Le 22° entre à Metz en décembre 1918 et fait partie du défilé de la victoire le 14 juillet 1919. De retour à Bourgoin, le régiment est dissous à la Valbonne le 1er janvier 1922.

La Caserne de Bourgoin

La SECONDE GUERRE MONDIALE 
À la mobilisation de 1939 est créé un 22° Régiment d’Infanterie de Forteresse (22° RIF) qui occupe les ouvrages de Hochwald et Schoenenburg de la ligne Maginot dans le secteur de Haguenau. Ces ouvrages sont bombardés à partir du 15 juin 1940 et se défendent jusqu’à ce que l’armistice arrête les combats. Le régiment est fait prisonnier.

La GUERRE D’ALGÉRIE 

Insigne du 22° RI

La Guerre d’Algérie amène à reconstituer le 22° RI à base de rappelés de la 8ème RM en mai 1956. Celui-ci est transféré en Algérie en juin et basé à Ténès ; les 3 bataillons sont répartis en une dizaine de postes dans la région entre Cherchell et Orléansville. Pendant 6 ans les compagnies vont contribuer à la lutte contre la rébellion, opérations au cours desquelles il perd 279 hommes.

La garde du drapeau Algérie 1958

En 1961/62 les 1er et 3ème bataillons sont dissous. Il reste le 2ème qui prend le nom de 22° BI qui rentre en métropole en janvier 1964 pour y être dissous.

La 5ème RÉPUBLIQUE 
Le 22° RI est à nouveau reformé en 1966 à Sathonay. Au 1er octobre 1968 il change de dénomination et devient le 99° RI. Entre temps la Région militaire de Lyon est devenue la 5ème RM et en soutien de celle-ci est constitué au 1er juin 1968 le « Groupement des Moyens Régionaux » n° 5 (GMR5), établi principalement à la caserne Sergent Blandan (fort La Motte).

Insigne du GMR 5 / 22°RI

En 1984 le GMR5 reprend les traditions du 22° RI et devient le GMR5-22° RI. En 1991 suite au plan « Armées 2000 » il ne garde que l’appellation 22° RI. Il est le régiment de soutien de l’état-major de la RMDM/CMD de Lyon et est implanté au quartier Sergent Blandan, au quartier Général Frère, au quartier la Mouche, au camp de Sathonay et au camp de Chambaran.

La garde du drapeau Lyon 1999
Insigne du 22° BI

En 2000 à la création de la Région Terre Sud-est, le régiment est réduit au rang de bataillon (22° BI). En 2010 il est remplacé par le Groupement de Soutien de la Base de Défense de Lyon-Mont-Verdun (GSBdD), nouvel organisme interarmée.

La devise du régiment est : « ad augusta per angusta » – la gloire par la difficulté.


Article de 2011 – Dernière modification 08/2023

Sources : Colonel de la Batie – Historique du GMR5-22° RI – 1986 / Cne Tissier – 22° Régiment d’Infanterie historique -1999

1944 les Ponts de Lyon Détruits

La DESTRUCTION des PONTS de LYON le 2 SEPTEMBRE 1944

Depuis le débarquement en Provence du 15 août 1944 et la percée des alliés en Normandie suivie de la marche sur Paris, les forces allemandes stationnées dans dans le sud-est de la France sont menacées d’encerclement. La XIX° armée allemande se replie difficilement vers le nord par la vallée du Rhône, retardée par les sabotages de la Résistance et attaquée de flanc par les forces américaines (bataille de Montélimar).
Le 31, la 11° Panzerdivision traverse Lyon ; elle va mener les 1 et 2 septembre une offensive sur la Valbonne et Meximieux (bataille de Meximieux) pour retarder l’avance des américains et permettre au reste de la XIX° armée de traverser Lyon pour continuer vers le nord. Mais les allemands vont être débordés par l’ouest par l’avance rapide de la 1°DB et 1°DFL françaises qui atteignent Anse dès le 3 septembre.

Ordre de Destruction des Ponts

Les allemands ont programmé la destruction des ponts de Lyon pour retarder la progression des troupes alliées. Depuis le 28 août la préparation pyrotechnique est effectuée sous bonne garde. Le samedi 2 septembre les derniers allemands quittent Lyon ; leurs artificiers vont faire sauter les ponts méthodiquement du sud au nord, sur le Rhône puis sur la Saône dans l’ordre du schéma. L’opération est commencée vers 8 heures : les détonations successives ébranlent les immeubles et font éclater les vitres.

PONTS DU RHÔNE 

- 1 -Le pont Pasteur complètement détruit

Viaduc ferroviaire de Perrache


- 2 -Le viaduc du chemin de fer de Perrache : seule une demi-travée est détruite, la moitié restante permettra un passage piétons et routier.
- 3 -Le pont Galliéni : la travée côté presqu’île est effondrée.
- 4 -Le pont de l’Université : la travée centrale est détruite.

Le pont de la Guillotière franchi par un convoi militaire


- 5 – Le pont de la Guillotière à l’époque en pierre, le plus vieux de Lyon, seule une travée sur 8 (la centrale) est coupée. Dès le 5 septembre un pont métallique jeté sur la brèche permet aux convois militaires de le franchir.

Le Canon Abandonné


- 6 – Le pont Wilson, inauguré le 14 juillet 1918 au cours d’une cérémonie interalliée, est très solide : la moitié aval de la travée centrale a basculé laissant côté amont le tablier en place, emprunté dès le lendemain par les lyonnais. Pour tenter d’aggraver les dégâts, les allemands tirent 3 fois sur le pont avec un canon de 88 posté à l’entrée de la rue de la Barre. Ce canon sera détruit avant d’être abandonné.

Affiche d’époque


- 7 -Le pont Lafayette : la partie centrale est effondrée.
- 8 -La passerelle du Collège : tout le tablier est tombé dans le fleuve

 9 -Le pont Morand, dont la travée centrale est détruite
- 10 -Le pont Vaïsse ou pont de Saint-Clair, détruit. Reconstruit il sera démoli en 1952 pour laisser la place au pont de Lattre de Tassigny.
- 11 -Le pont de la Boucle (aujourd’hui pont Churchill) entièrement métallique : une arche côté colline est tombée.
- 12 & 13 -Le viaduc ferroviaire et le pont Poincaré, non encore en service, détruits.

Le Pont de la Boucle

PONTS DE LA SAÔNE 
Leur sabotage commence vers 20h30 et se poursuit dans la nuit, alors que la rive gauche du Rhône est déjà occupée par les FFI et le commissaire Yves Farge déjà à la préfecture.
- 14 & 15 -Les ponts de la Mulatière : le viaduc ferroviaire métallique est basculé.
- 16 -Le viaduc ferroviaire est peu touché
- 17 -Le pont Kitchener à l’époque passerelle suspendue effondré.
- 18 -Le pont d’Ainay complètement détruit : il ne sera pas reconstruit.
- 19 -La passerelle St-Georges : son tablier est basculé, mais tient encore.

Le Pont Tilsitt


- 20 -Le pont Tilsitt (aujourd’hui pont Bonaparte) : complètement détruit y compris les piles, il sera entièrement reconstruit.
- 21 -Le pont du Palais de Justice (aujourd’hui passerelle) : sa travée centrale est tombée.
- 22 -Le pont du Change : 2 travées en pierre sont endommagées. Réparé, il sera démoli en 1974 et remplacé par le pont maréchal Juin plus en aval.

Le Pont du Change


- 23 -Le pont la Feuillée : complètement détruit, il sera entièrement reconstruit.
- 24 -La passerelle St-Vincent : les charges destinées à la faire sauter ont pu être désamorcées.
- 25 -Le pont de l’Homme de la Roche (aujourd’hui passerelle) : il sera le seul pont sauvé par un résistant Joseph Laval qui désamorce les charges vers 17h sans être vu des sentinelles allemandes ; il récidive à la passerelle St-Vincent et au pont de Serin. Bien qu’inapte au passage de convois lourds, le pont de l’Homme de la Roche permettra le lendemain matin les premiers passages des véhicules des forces alliées venant de la rive droite.
- 26 -Le pont de Serin (aujourd’hui pont Koenig) : les charges désamorcées sont réactivées par les allemands ; mais le pont en pierre très solide est peu endommagé et vite réparé.

Le pont de Serin et fort St-Jean


- 27-Le pont Mouton (aujourd’hui pont Clémenceau) : pont suspendu totalement effondré.
- 28 -Le pont Masaryk suspendu : la travée rive droite est détruite, mais la pile centrale en pierre est intacte.
- 29 -Le pont de Île-Barbe détruit
- plus au nord les ponts de Collonges, de Fontaines, de Couzon et de Neuville sont également sabotés et très endommagés.

La RECONSTRUCTION
Les destructions paraissent gigantesques, mais sauf au pont Tilsitt, les piles et les culées sur les berges sont intactes, ce qui va faciliter la réparation ou la reconstruction. Les vieux ponts de pierre (Guillotière, Change et Serin) sont peu touchés. Les américains arrivés le 2 septembre aux portes de la ville détachent des éléments du 111th Engineer Battalion pour rétablir d’urgence quelques passages. Dès le 5 septembre un pont Bailey métallique de 30 m couvre la brèche du pont de la Guillotière, et le viaduc du chemin de fer de Perrache est utilisé comme pont routier de fortune. En septembre 5 passerelles en bois sont posées sur les ponts. Les ponts suspendus sont rapidement relevés. La réparation des ponts métalliques plus longue fut terminée fin 1946.

Le pont de l’Université avec passerelle piétonne en bois

Article de 2013 – Documents Musée militaire Lyon / François Lescel – Objectif Lyon – DG Communication Lyon 2004

Les Casernes de la Part-Dieu

Les CASERNES de la PART-DIEU à LYON 1860-1968

Très importante emprise militaire dans le 3ème arrondissement de Lyon, les casernes de la Part-Dieu ont marqué l’histoire militaire de Lyon pendant plus de 100 ans. Ci-dessous le panneau d’information du musée consacré à cet important établissement militaire.


NAISSANCE du QUARTIER
En 1830 la Part-Dieu est le nom d’un vaste domaine agricole appartenant aux Hospices Civils de Lyon, avec en son centre une maison forte la « grange de la Part-Dieu » située à l’intersection actuelle des rues de la Part-Dieu et Boileau.
Dans les années 1831 et suivantes dans le cadre de la 1ère ceinture de fortifiée de Lyon une petite fortification est édifiée, le fort ou redoute de la Part-Dieu à l’emplacement du boulevard Vivier-Merle.
En 1844 l’autorité militaire acquiert 24 hectares du domaine de la Part-Dieu. Les constructions débutent en 1847 avec le projet de transfert de l’école d’artillerie de Grenoble et de l’établissement d’une caserne d’artillerie pour 2 régiments entre la redoute et l’ancienne maison forte. Les plans prévoient un ensemble de bâtiments disposés symétriquement de part et d’autre d’une vaste cour centrale de 125 m de côté, avec l’entrée principale sur la rue Ste-Elisabeth (Garibaldi) et le manège dans l’axe de cette entrée au fond de la cour.
En 1854 le maréchal de Castellane,commandant militaire à Lyon, est hostile à l’établissement d’une école d’artillerie et il obtient en 1856 le soutien de Napoléon III, pour convertir la caserne d’artillerie en « un quartier pour 3 régiments de cavalerie et 4 batteries d’artillerie ». En 1856 seule l’aile sud est construite. En juin 1860 Castellane accompagne l’empereur Napoléon III pour visiter le chantier de construction en voie d’achèvement. Elle a été conçue avec toutes les installations nécessaires pour accueillir des unités de cavalerie, avec le manège au fond de la vaste cour dans l’axe de l’entrée principale côté rue Garibaldi.

Plan de 1874 (le nord est à gauche)

Sur ce plan de 1874 le quartier est encore appelé « casernes d’artillerie » et on remarque le fort des Brotteaux et le petit fort de la Part-Dieu qui aura disparu en 1880. La caserne loge plus de 2700 hommes en 1886; elle sera agrandie vers le sud  et a porté le nom de quartier Margaron.

Entrée principale


Les RÉGIMENTS et UNITÉS de la PART-DIEU
Avant la Grande Guerre les unités de cavalerie se succèdent :
- Cuirassiers : 11° et 12° RC (1874-1880), 4° et 9° RC (1880-1889), 5° et 8° RC (1889-1893), 7° et 10° RC ( 1893 – 1914)
- Hussards : 5° et 10°RH (1874-1877), 3° et 8° RH (1877 – 1892)
- Chasseurs à cheval : 8° RCh (1892 -1895)
- Dragons : 2° dragons ( 1896 -1914).
- Train des Équipages : 14° Escadron depuis 1875.

La sortie des Cuirassiers


En 1914 2° dragons, 7° et 10° cuirassiers se partagent le quartier avec le 14° escadron du Train, ainsi que l’artillerie de la 6° division de Cavalerie. Le 2°Dragons est logé dans les bâtiments côté rue Garibaldi, les Cuirassiers sont plus à l’intérieur du quartier. Le quartier possède une zone d’embarquement par voie ferrée côté Est.

Visite vétérinaire


RÉGIMENTS et UNITÉS après la GRANDE GUERRE
Entre les deux-guerres le quartier abrite :
à nouveau le 9° Cuirassiers , le 5° bataillon de dragons portés, groupes d’auto-mitrailleuses, compagnies d’artillerie du 54°RA, chasseurs cyclistes, escadron du train, intendance, gendarmerie mobile…

Le 9° RC en 1939

En 1940-1942 dans le cadre de l’Armée d’Armistice, le quartier abrite le 11° Cuirassiers, dont une partie rejoindra la Résistance dans le Vercors. Les allemands occupent le quartier de 1942 à 1944

Après la Libération de nombreux organismes ou services y sont installés : 8° Escadron du Train, Gendarmerie Mobile… Le bureau du Service National y restera jusqu’en 1966. La Légion Étrangère y tiendra son antenne de 1952 à 1963.

Entrée nord : porte de la rue Masséna

De la CASERNE au CENTRE COMMERCIAL
Le quartier est cédé à la ville de Lyon en 1960 et l’aménagement commence par la partie sud entre la rue du Lac et le bvd Vivier-Merle et la rue des Cuirassiers est créée. Les dernières structures militaires quittent la Part-Dieu en 1968. La démolition commence par le manège, qui méritait bien d’être conservé. Seront alors construits à la place un grand centre commercial (1975) et des immeubles d’affaires, comme la tour du Crédit Lyonnais, dite « le Crayon » (1977), la tour « Oxygène » (2011), la tour « Incity » (2016).

Monument à la Gloire de la Cavalerie

MÉMOIRE
En 1939 une stèle représentant un cuirassier est inaugurée dans le quartier à la gloire de ceux-ci. À la démolition du quartier, le monument a été déplacé dans un square rue du Lac avec l’inscription « À la GLOIRE de la CAVALERIE » avec une plaque sur laquelle est gravée la liste des unités ayant stationné à la Part-Dieu. Il a été inauguré en 1976 en présence du général Leborgne Gouverneur Militaire de Lyon.

Article de 2010 – Dernière modification 03/2023

Le Service de Santé

Le SERVICE de SANTÉ des ARMÉES à LYON et dans la RÉGION

Les HÔPITAUX MILITAIRES
Au début du XIX° siècle une « salle militaire » accueillait les soldats malades à l’Hôtel-Dieu.
Le premier hôpital militaire de Lyon est ouvert en 1831 sous le nom d’ »Hôpital de la Nouvelle Douane », quai de la Charité, aujourd’hui quai Gailleton, dans un ancien couvent devenu établissement des douanes, puis caserne pendant la Révolution. L’hôpital militaire de la Nouvelle Douane est rebaptisé en 1888 Hôpital Militaire Desgenettes. L’hôpital occupera les locaux pendant 115 ans jusqu’en juin 1946, date d’ouverture du nouvel hôpital Desgenettes dans le quartier du Vinatier. Les bâtiments de l’ancien hôpital ont été démolis pour faire place au Sofitel.

L’Hôpital Desgenettes sur le quai du Rhône

Le deuxième hôpital militaire est ouvert au moment de la guerre d’Italie en 1859, montée Saint-Sébastien sur les pentes de la Croix-Rousse, également dans un ancien couvent (les Collinettes), aussi reconverti en caserne à la Révolution. Appelé « hôpital des Collinettes » avant d’être baptisé hôpital Villemanzy en 1887, il aura en dehors de la Grande Guerre, une activité épisodique au XX° siècle pour fermer en 1946, devenant une annexe de l’Ecole du Service de Santé jusqu’en 1980. Il est aujourd’hui le Cercle Villemanzy, Résidence Internationale de Lyon.

L’Hôpital Villemanzy

Les ANCIENS ÉTABLISSEMENTS du SERVICE de SANTÉ
Le Centre de Recherche du Service de Santé des Armées (CRSSA), présent à Lyon dans l’enceinte de l’hôpital Desgenettes jusqu’en 1988, installé ensuite à la Tronche près de Grenoble dans les locaux de l’ancien hôpital militaire « Emile Pardé » a été fermé en juin 2013 pour être regroupé avec d’autres organismes de recherche sur le site de Brétigny-sur-Orge (91) (Institut de Recherche Biologique des Armées – IRBA).

Lyon a accueilli aussi la 14e SIM (Section d’Infirmiers Militaires) logée au fort de Sainte-Foy avant 1939, avec du personnel desservant les 2 hôpitaux militaires.

La 14e SIM

Une Pharmacie Régionale de 1932 à 1984, puis un magasin de mobilisation jusqu’en 1998 ont fonctionné au fort Saint-Jean à la Croix-Rousse.

Insigne de la DRSSA

La Direction Régionale du Service de Santé des Armées (DRSSA) de Lyon, à compétences inter-armées depuis 2005. Logée depuis 1936 au bastion St Laurent, place Bellevue, sur les pentes de la Croix-Rousse, elle a quitté en juin 2014 ce lieu historique pour se replier à l’état-major du quartier général Frère. Elle a été dissoute en 2017. Son rôle a été repris par les CMA.

SITUATION en 2019

En 2019 six organismes du Service de Santé des Armées sont établis à Lyon et dans sa Région :

L’HÔPITAL d’Instruction des Armées (HIA) DESGENETTES
boulevard Pinel dans le 3ème arrondissement, établissement hospitalier ouvert à tous. Voir l’article particulier.

Façade de l’Hôpital Desgenettes

Les ÉCOLES MILITAIRES de SANTÉ de LYON-BRON
Depuis le 1er septembre 2018 les deux écoles du site de Bron (ESA et EPPA) sont regroupées sur le plan administratif sous le nom d’Écoles Militaires de Santé de Lyon Bron (EMSLB).

L’École de Santé des Armées
l’École du Service de Santé des Armées est implantée à Lyon depuis 1888 ; elle accueille les élèves officiers Médecins et Pharmaciens pendant leur formation universitaire. Déménagée à Bron en 1981, elle est désormais la seule école par la fermeture de son homologue de Bordeaux. En juillet 2011 elle a pris le nom d’ École de Santé des Armées (ESA) héritière des traditions des 2 écoles. Voir l’article particulier.

Le site des écoles de Bron

L’École du Personnel Paramédical des Armées (EPPA)
Son transfert progressif depuis Toulon est achevé. La nouvelle promotion s’est installée à Bron à coté de l’ESA. Cette école prépare au diplôme d’infirmier des personnels des 3 armées et de la Gendarmerie, donc dans un cadre totalement interarmée. La nouvelle promotion a participé à la prise d’armes du 11 novembre 2016 place Bellecour. La garde du drapeau comprenait un personnel de santé, un pompier, un légionnaire, un transmetteur, un aviateur et un marin.

La garde interarmée du drapeau de l’EPPA en 2016

Le CeFOS Centre de Formation Opérationnelle Santé
installé au camp de la Valbonne, dépendant de l’École d’Application du Val-de-Grâce, prépare les personnels santé partant en opération extérieure et assure des formations paramédicales au profit des personnels des armées de Terre et de l’Air.

Le Fanion du CeFOS
Insigne du RMed

Le RÉGIMENT MÉDICAL (RMed)
Egalement à la Valbonne, c’est une unité de la Logistique de l’Armée de Terre (COM-LOG), dépendant techniquement du Service de Santé des Armées. Il vient de la fusion du 1er RMed de Metz, du 2° RMed (régiment de Réserve) et du 3° RMed de la Valbonne. Sa mission est la mise en œuvre des unités médicales opérationnelles (UMO) du SSA. Il dispose d’une antenne chirurgicale, d’un groupement hospitalier, d’une unité de décontamination, de postes médicaux… Il est de toutes les opérations extérieures. En avril 2020 son personnel a monté l’hôpital de réanimation sous tente de Mulhouse au moment de l’épidémie du Coronavirus.

Insigne du 7° CMA

Les CENTRES MÉDICAUX des ARMÉES 
Les Centres Médicaux des Armées (CMA) assurent le soutien santé des forces. Ils ne dépendent plus que du Service de Santé, contrairement aux anciens Services Médicaux d’Unité (SMU) « infirmeries » qui avaient une double subordination.
À la création des Bases de Défense en 2011, il y avait un CMA par Base de Défense. En 2017 leur nombre a été réduit à deux pour la région Auvergne-Rhône-Alpes avec la création le 1er septembre 2017 du CMA7 à Lyon (quartier général Frère) et du CMA8 à Clermont-Ferrand. Chaque CMA administre et coordonne les antennes médicales présentes dans tous les régiments ou bases éloignés de la région. Le CMA de Lyon coordonne les 17 antennes médicales de la base de Défense de Lyon-Valence-la Valbonne, auxquelles sont venues s’ajouter les antennes des unités de montagne de la base de Grenoble. Le CMA de Clermont-Ferrand gère 8 antennes médicales.

Article de 2010 dernière modification 11/2022